Simon, un jeune anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l'objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, et il est recruté pour toutes sortes de corvées. Un jour où il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu. Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d'une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l'éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard.
La couleur des choses de l'auteur suisse Martin Panchaud bouscule les habitudes des lecteurs et lectrices de bandes dessinées ; le livre est intégralement dessiné en vue plongeante sans perspective et tous les personnages sont représentés sous forme de cercles de couleurs. La couleur des choses oscille entre comédie et polar avec une technique graphique surprenante, mêlant architecture, infographies et pictogrammes à foison, qui font de ce roman très graphique un livre étonnant et captivant.
Márcia est infirmière dans un hôpital à proximité de Rio et vit dans une favela avec son petit ami Aluisio et sa fille, Jaqueline, qu'elle a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline, jeune adulte frivole et grande gueule, mène la vie dure à sa mère et Aluisio et fréquente assidûment les membres de l'un des gangs du quartier, ce qui est la source de violentes altercations entre la mère et la fille.
Le petit ami de Jaqueline en vient même à menacer Márcia à l'occasion d'un séjour à l'hôpital... La situation dégénère encore plus le jour où Jaqueline se fait arrêter par la police pour complicité de vols et recel de marchandises volées. Márcia et Aluisio, affolés, se rendent alors compte que Jaqueline est impliquée dans des affaires avec des criminels de haut vol et un groupe de policiers ripoux.
Marcia demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque gros... Ecoute, jolie Márcia est un nouveau roman graphique trépidant, aux couleurs flamboyantes, par l'un des auteurs les plus importants de la scène brésilienne contemporaine. Marcello Quintanilha réalise un nouveau tour de force avec ce récit très construit où les relations entre chacun des protagonistes se dévoilent au fur et à mesure dans un suspense mené de main de maître.
Discipline est le premier roman graphique historique de Dash Shaw. Ce récit de 300 pages nous plonge dans l'histoire d'un frère et une soeur, Charles et Fanny Cox, membres d'une communauté quaker de l'Indiana, et confrontés à la guerre de Sécession. Lorsque Charles part s'enrôler dans l'armée de l'Union, il scandalise sa famille et sa communauté. Abandonnant les règles strictes du mode de vie des quakers, le jeune Cox est rapidement confronté à la sauvagerie de la guerre, à la cruauté des soldats et à l'étrangeté écrasante du monde au-delà de sa maison. Au fil des échanges de lettres entre lui et sa soeur, on suit la prise de conscience des réalités de la guerre par le jeune soldat, et les répercussions de ses choix sur sa famille pacifiste.
Très documenté, Discipline s'inspire en grandes parties de réelles lettres d'époque et d'archives consultées par Dash Shaw dans le cadre d'une résidence de deux ans à la New York Library. Cinq années de travail ont été nécessaires pour mener à bien ce projet hors normes qui - au delà de l'aspect historique - touche à des questions universelles sur la guerre, le pacifisme et la spiritualité.
Esther et Rita se rencontrent dans un atelier de dessin. La première, jeune artiste, anime un cours de dessin de nu pour adultes. Rita, plus âgée, mère divorcée, est modèle pour arrondir ses fins de mois. Aussi différentes soient-elles, les deux femmes sont néanmoins liées en tant que dessinatrice et modèle. Une relation qui tourne autour de la vulnérabilité et de la physicalité, autour du fait de regarder et d'être regardée. En dehors de ces moments, chacune mène sa propre vie. Toutes deux luttent contre leur propre passé, leurs propres insécurités. Esther ne trouve pas l'amour, Rita a une relation difficile avec sa fille... Les deux femmes attendent quelque chose et, en attendant, elles se débrouillent comme elles peuvent.
Peau est une histoire de corps et de mise à nu. Une histoire sur le vieillissement, la maternité, l'idéal de beauté, la soif de perfection et l'impact du temps. Sur les cicatrices, la honte, la fierté, la sexualité, l'intimité. Et sur la vie.
Premier roman graphique belge - et flamand - publié aux éditions çà et là, Peau est un beau roman graphique aux illustrations et couleurs douces et délicates, et un superbe portrait de femmes liées par une amitié d'abord ténue, qui devient progressivement essentielle.
50 ans après les événements tragiques de la manifestation de Kent State, Backderf livre un récit historique magistral et poignant.
Après l'autobiographie (Mon Ami Dahmer) et l'autofiction (Trashed), l'auteur américain Derf Backderf réalise un magistral documentaire historique sur les années 1970 et la contestation contre la guerre du Vietnam. Kent State relate les événements qui ont mené à la manifestation du 4 mai 1970 et à sa violente répression sur le campus de cette université de l'Ohio. Quatre manifestants, âgés de 19 à 20 ans, furent tués par la Garde nationale au cours de cette journée. Cet événement marqua considérablement les esprits et provoqua des manifestations gigantesques dans tout le pays avec plus de quatre millions de personnes dans les rues, marquant un retournement de l'opinion publique sur l'engagement américain au Vietnam.
Derf Backderf, avait 10 ans à l'époque des faits. Il a vu des troupes traverser sa ville en 1970, et il a été profondément marqué par la répression sanglante de la manifestation du 4 mai. Dans Kent State, il brosse le portrait des étudiants qui seront tués au cours de la manifestation ainsi que celui d'un membre de la Garde nationale. Sa description détaillée de la journée du 4 mai 1970, montre comment l'incompétence des responsables locaux a débouché sur une véritable boucherie.
Derf Backderf a consacré trois ans à la réalisation de Kent State, il a réalisé un véritable travail journalistique et interviewé une dizaine de personnes ayant participé à la manifestation. Kent State est un récit extrêmement prenant, poignant, une leçon d'histoire et une démonstration implacable de l'absurdité de l'utilisation de la force armée pour contrôler des manifestations.
Coincés dans les embouteillages, Will et Connie se disputent sans ménagement sur leurs manières respectives de conduire. Une querelle de couple, comme tout le monde peut en avoir. Une fois rentrés à la maison, les tensions s'apaisent au moment de préparer le dîner. Connie se dévoue pour aller faire quelques emplettes, tandis que Will s'engage à finir la vaisselle qui traîne dans l'évier. Mais les heures passent et Connie ne revient pas. L'attente est interminable. Will sombre alors dans la paranoïa et envisage tous les scénarios possibles et imaginables concernant la disparition de sa compagne. Après avoir bu quelques verres de whisky, il décide de partir à la recherche de Connie.
Nous sommes en 2001 et l'Argentine est plongée dans une grave crise politique et économique. Rocío, une jeune fille de dix-neuf ans, emménage dans l'ancienne maison de sa grand-mère Vilma, peu de temps après les funérailles de cette dernière. Dans cet environnement marqué par l'absence, Rocio se remémore la vie de Vilma, une histoire teintée de tragédie qui commence dans les années 1920 en Italie. Les parents de Vilma fuient le pays peu après sa naissance, au moment de l'accession au pouvoir de Mussolini. Arrivés en Argentine sans le sou, ils ne peuvent financer les études de Vilma. Celle-ci doit alors quitter l'école, puis est mariée de force à un voisin après être tombée enceinte et avoir été abandonnée par l'homme avec lequel elle pensait faire sa vie. L'histoire de Vilma dans cette société patriarcale sera une longue suite de désenchantements et de sacrifices, qui la rendront progressivement acariâtre. Vilma terminera sa vie seule, ayant coupé les ponts avec la plupart des membres de sa famille, à l'exception de Rocio. La jeune fille, qui se pose énormément de questions sur son avenir, va tenter de tirer des leçons de cette tragédie familiale.
Ambitieux, ample, fourmillant de nombreuses trouvailles narratives et graphiques, Naphtaline est en partie inspiré de l'histoire de la famille de Sole Otero. La narration sur plusieurs époques, l'inventivité du découpage et de la mise en scène, les jeux sur les couleurs, font de ce roman graphique une jolie découverte et de Sole Otero une autrice promise à un bel avenir.
Petite surprise pour les fêtes de fin d'année : les éditions çà et là ont décidé de publier la toute première version du Trashed de Derf Backderf, un récit court de 56 pages qui mettra vos zygomatiques à rude épreuve. Initialement publié en catimini par une petite maison d'édition américaine 15 ans avant la version "roman graphique de 240 pages" actuelle, ce proto Trashed, à l'humour destroy et sans visée documentaire ou politique, passa un peu inaperçu du fait de son format atypique...
Mais il valu à Backderf sa toute première nomination aux prestigieux Eisner Awards. "Ce sont des mémoires, des vrais anecdotes de ma courte carrière d'éboueur quand j'avais 19 ans, en 1979 et 1980. Des histoires peu ragoutantes que je racontais à mes amis depuis des années, de préférence lors de dîners ou de déjeuners. J'espère qu'elles vous plairont. Et n'oubliez pas d'être gentil avec vos éboueurs.
Sinon, comme vous le découvrirez dans ce livre, vous le regretterez amèrement". (extrait de la préface par Derf Backderf) Et comme il se doit pour un livre ayant pour thème les déchets, cet ouvrage sera entièrement imprimé sur papier recyclé, avec une jaquette en papier kraft !
Su-hyeon est en terminale dans un lycée de province quand il présente un de ses amis, Yong-jun, à sa mère. Mme Sang s'attache rapidement au jeune homme et en vient à le considérer comme son propre fils lorsqu'elle apprend qu'il est orphelin. Quand Su-hyeon commence son service militaire, Yong-jun rend régulièrement visite à Mme Sang, qui ne se doute pas que son fils et lui sont en couple. Ce jeu de dupes continue jusqu'au jour où les deux jeunes hommes se blessent dans un accident de voiture et que Su-hyeon tombe dans un coma profond. Sa mère va s'occuper de lui pendant des mois et comprendre un jour quelle était la nature de sa relation avec Yong-jun. Elle va alors rejeter celui-ci et l'empêcher de rendre visite à son fils.
Changement de saison est le premier roman graphique de Lee Dong-eun (au scénario) et de Jeong Yi-yong (au dessin). Ils ont ensuite réalisé quatre autres livres ensemble et Lee Dong-eun a adapté au cinéma trois de leurs romans graphiques, dont Changement de saison.
C'est un drame sobre et touchant, la rencontre entre deux personnes meurtries par la vie, Mme Sang, abandonnée par son mari, et Yong-jun, dont la mère est morte?; deux personnes réunies par l'amour qu'elles portent à Su-hyeon mais séparées par un océan de non-dits.
Easy Peasy est une virée rocambolesque dans une petit ville du nord-est de la Chine, au milieu des années 1990. Un jeune lycéen propre sur lui, Yang Kuaikuai, se retrouve embarqué malgré lui dans une histoire de vol de camionnette avec Li Yu, un voyou de son lycée, et L'Oncle Ya, un malfaiteur à la petite semaine. Au moment de revendre le véhicule à un gang local, les compères se rendent compte qu'une petite fille dormait à l'intérieur et qu'elle s'est fait enlevée par un véritable criminel. L'improbable trio va devoir échapper au redoutable kidnappeur prêt à tout pour récupérer la petite Yun Duo, y compris supprimer ces trois empêcheurs de tourner en rond.
Premier roman graphique publié en France de la jeune et talentueuse autrice chinoise Yi Yang, Easy Peasy est un ébouriffant récit d'action mâtiné d'humour. Grande admiratrice du mangaka Taiyo Matsumoto, Yi Yang crée une galerie de personnages hauts en couleurs et hyper attachants entraînés dans une aventure au rythme frénétique souligné par un découpage d'un dynamisme explosif.
« Il y a très longtemps, deux jumeaux héritiers du trône se disputèrent une épée qui conférait à celui qui la possédait le pouvoir de gouverner. La terrible bataille qu'ils se livrèrent réveilla un puissant démon qui détruisit le Royaume. Et alors qu'auparavant tous les habitants possédaient des pouvoirs magiques, suite à l'attaque du démon, toute la magie se concentra en une seule personne qui nous gouverne depuis lors: la Reine ».
Ania est la princesse héritière du Royaume et elle ne croit pas à la légende, bien qu'elle soit la propre fille de la Reine aux pouvoirs magiques. Mais un jour elle découvre une épée dans des ruines... Serait-ce la fameuse épée de la légende ? La Reine elle-même semble courroucée par cette découverte et envoie Ania aux confins du Royaume....
L'épée est un conte de fantasy aux couleurs chatoyantes et aux multiples rebondissements qui présente toutes les caractéristiques du genre : démons, combats, magie, si ce n'est que la quasi totalité des protagonistes sont des femmes et que l'héroïne, la princesse Ania au caractère bien trempé, n'a aucunement l'intention de tomber dans les filets d'un prince charmant.
Le retour du plus connus des dessinateurs de Cleveland (après Joe Shuster), dans une anthologie de ses histoires courtes ! Derf Backderf a réalisé des strips hebdomadaires pendant près d'un quart de siècle, entre 1990 et 2014. D'abord diffusés dans les journaux gratuits de la ville de Cleveland, ces strips atteindront par la suite jusqu'à 140 journaux du pays. Voici 200 de ces histoires rassemblées pour la première fois en un unique volume. Dans True Stories, on croise des illuminés en tous genre, pris sur le vif dans la rue ou dans des magasins, des scène du quotidien qui font mouche. True Stories, c'est l'Amérique profonde, dérangée, saturée de malbouffe, foutraque. On retrouve avec bonheur la patte de cet auteur dont le dessin, en construction au début des années 1990, évolue au fil des histoires et cette faculté à déceler les situations baroques et à croquer des personnages marquants, alliée à un art consommé de la chute.
« Oui, tout ce qui est dans ce livre est réellement arrivé. J'ai été personnellement témoin de la plupart de mes True Stories. Les autres m'ont été rapportées par des amis en lesquels j'ai confiance. Devoir réaliser un strip chaque semaine ne me manque pas vraiment. Ce qui me manque, c'est de me balader dans les rues de la ville à la recherche de gens bizarres. Ça a toujours été ce qui me plaisait le plus dans ce boulot » Derf Backderf.
Walk Me to the corner est le nouveau roman graphique d'Anneli Furmark, l'une des voix les plus importantes de la bande dessinée suédoise. Depuis son premier livre publié en 2002, elle raconte des histoires centrées sur l'intime et sur ses personnages. Walk me to the corner est - comme le disent les protagonistes de l'histoire - une sorte de «Brokeback Mountain pour dames d'un certain âge». Le personnage principal du récit est Élise, la cinquantaine, mariée depuis plus de 20 ans, dont les enfants ont grandi et ont déménagé. Elle tombe soudainement éperdument amoureuse d'une femme du même âge, Dagmar, également en couple, avec qui elle commence une relation. Bien que leur passion soit mutuelle, aucune des deux femmes n'est prête à quitter sa famille. Des complications surviennent lorsque le mari d'Élise tombe amoureux d'une jeune étudiante et qu'il divorce, tandis que Dagmar refuse de divorcer...
A travers l'histoire de ces deux femmes et les questionnements d'Élise, Walk me to the corner explore avec délicatesse et empathie ce qu'implique de quitter la sécurité d'une vie routinière à la cinquantaine pour se jeter dans l'inconnu.
La douleur, quelle chose étrange est le premier volume d'une trilogie de courts essais en bande dessinée consacrés à la douleur, au trauma et à l'anxiété par les anglais Steve Haines et Sophie Standing. La douleur, quelle chose étrange explore les mécanismes psychologiques et physiologiques à l'oeuvre dans le phénomène de la douleur, à la fois familier et craint. Praticien adepte des médecines douces, sans pour autant être un adversaire de la médication, Steve Haines aborde le question du regard que la société porte sur la douleur (considérée comme une émotion ou un signal d'alerte selon les écoles) et examine de façon approfondie, à l'aide de très nombreuses références et citations de spécialistes du domaine, comment la douleur agit.
Steve Haines s'attarde plus particulièrement sur les douleurs chroniques qui sont souvent dans l'angle mort de la médecine conventionnelle et dont il n'est pas toujours possible d'identifier la cause. Les nombreux concepts et mécanismes biologiques abordés au fil de cet ouvrage sont brillamment mis en images par Sophie Standing qui parvient à associer un réel parti-pris stylistique à une narration documentaire et pédagogique.
Les deux autres titres de la trilogie: Le Trauma, cette chose étrange et l'Anxiété cette chose étrange paraîtront au premier semestre 2019.
Confessions sur une jeunesse amoureuse agitée, cinq ans après les événements décrits dans Trop n'est pas Assez (Prix Révélation Angoulême 2011 et Prix Artémisia 2011).
Autriche, 1989. Ulli Lust a vingt-deux ans et vit désormais à Vienne où elle tente de faire carrière comme illustratrice tout en alternant petits boulots et aide sociale. Elle revient tous les week-ends chez ses parents, dans la campagne autrichienne, pour passer du temps avec son jeune fils, Philipp, qu'elle a eu à dix-sept ans suite à une rencontre sans lendemain. Ulli vit avec Georg, acteur dans une petite troupe de théâtre, limite dépressif et beaucoup plus âgé qu'elle. Suite à une rencontre dans un parc, elle s'engage dans une relation avec Kim, un jeune nigérien récemment arrivé en Autriche et une intense passion charnelle va se nouer entre eux. Mais Ulli tient à continuer sa relation avec Georg, tout en étant avec Kim... Ce nouvel opus autobiographique d'Ulli Lust est une réussite totale. On y retrouve son sens de la narration, le talent de cet auteur pour mettre en scène sa jeunesse, et sa capacité à transmettre aux lecteurs les émotions, les passions, les peurs qu'elle a elle-même ressenties il y a des années. Programmé pour une parution en octobre 2017 par la prestigieuse maison d'édition allemande Suhrkamp, Alors que j'essayais d'être quelqu'un de bien sortira dès le mois suivant en France.
Après La douleur quelle chose étrange (octobre 2018) et L'Anxiété quelle chose étrange (mars 2019), Steve Haines consacre un nouveau petit précis à un thème de santé. Il se penche ici sur le traumatisme psychique, qui touche tout le monde à des degrés plus ou moins importants. En trente-deux pages, Haines brosse un tableau synthétique de ce que l'on sait sur ce phénomène psychologique en s'attardant notamment sur sa manifestation la plus courante, la dissociation.
Cette réaction de notre cerveau à un ou plusieurs événements insupportables se manifeste par des amnésies sélectives ou une sensation de déconnexion de son propre corps dans le cas des expériences les plus traumatisantes. Comme dans ses précédents ouvrages, Steve Haines propose également des pistes pour les personnes qui souffrent de traumatismes psychiques, à base de techniques simples qui peuvent permettre de diminuer l'intensité des troubles ressentis.
L'illustratrice anglaise Sophie Standing, déjà dessinatrice des deux autres essais de Steve Haines, met à nouveau en dessin le texte avec un vrai travail stylistique et la volonté de rendre compréhensible les explications du scénariste mais aussi de trouver des astuces graphiques tout en utilisant une palette de couleurs et un style singuliers, inhabituels dans le registre de la bande dessinée didactique.
Après le premier volume publié en 2015, Joshua Cotter livre le deuxième épisode de la série Déplacement, qui se déroule dans un futur proche où internet, rebaptisé «le flux», fonctionne par télépathie avec pour serveur central une petite fille.
Situé environ 40 ans avant les événements décrits dans le premier volume, Déplacement vol. 2 présente les personnages d'Aveline Moiré, une jeune française psychologiquement instable immigrée aux États-Unis et Walter Walker, un jeune graphiste fraîchement séparé qui travaille à l'accueil d'un centre culturel. Les deux jeunes adultes vont tomber amoureux et, au terme d'une relation ponctuée par les violentes crises d'Aveline, ils seront à l'origine de la création de l'internet télépathique du Professeur Earnest.
Série de science-fiction très ambitieuse, Déplacement navigue entre le cyberpunk de William Gibson et la SF psychédélique de K. Dick, avec une petite pincée de Lovecraft. Joshua Cotter continue son récit au long cours mêlant aventures et réflexions existentielles dans ce deuxième volume d'une série qui en comptera sept.
Après La Douleur, quelle chose étrange publiée en octobre 2018, Steve Haines consacre un nouveau petit précis à un thème de santé. Il se penche ici sur l'anxiété, parfois considérée comme le nouveau mal du siècle. En trente-deux pages, Haines brosse un tableau synthétique de ce que l'on sait sur cette émotion désagréable ressentie par tout le monde (sauf par les psychopathes), à des degrés plus ou moins importants. Steve Haines présente les nombreux facteurs considérés comme des causes pouvant accroître l'état d'anxiété, il détaille les différentes manifestations de ce trouble, et présente des pistes d'actions pour ceux qui en souffrent le plus ; les personnes pour lesquelles de nombreuses décisions du quotidien deviennent presque une question de vie ou de mort et provoquent des crises de panique.
Comme dans le précédent volume, l'illustratrice anglaise Sophie Standing met en dessin le texte de Haines, avec un vrai travail stylistique et la volonté de rendre compréhensible les explications du scénariste mais aussi de trouver des astuces graphiques tout en utilisant une palette de couleurs et un style singuliers, inhabituels dans le registre de la bande dessinée didactique.
G. H. Fretwell, un petit auteur de romans peu connus, vit dans une petite ville anglaise, avec sa femme, Rebecca, qui ne lui prête pas une grande attention. Son nouveau roman, Sans K, vient de sortir et Fretwell se lance dans une tournée de rencontres en librairie pour en faire la promotion. Plus ou moins bien accueilli dans les librairies de son circuit, Fretwell ne réussit jamais à signer le moindre livre et passe des journées à arpenter des ruelles pour trouver son chemin.
Délaissé par son éditeur qui a manifestement d'autres chats à fouetter, il attend impatiemment la parution d'une recension de Sans K dans la rubrique littéraire d'un grand quotidien, chronique qui ne viendra jamais. Les ennuis de Fretwell commencent quand il est interrogé par la police à propos d'une valise volée car son circuit est étrangement similaire à celui du "Tueur à la valise" , un tueur en série qui sévit à ce moment là.
Fretwell va progressivement comprendre que la police le soupçonne... Le nouveau livre d'Andi Watson, qui paraît en première exclusivité en France, est un petit bijou d'humour noir au style graphique retro. On suit avec délice les déboires de cet auteur confronté à une situation où tout lui échappe, une histoire kafkaïenne, qui prend une tournure surréaliste au fur et à mesure que les problèmes s'amoncellent sur le chemin de Fretwell.
Dans un futur proche, la Terre est surpeuplée et ses ressources s'épuisent rapidement. La navette spatiale Aigle de l'Aube est développée afin de permettre à une petite équipe de lancer la colonisation d'une planète habitable dans un système planétaire proche. La navette transportera également un « portail » qui permettra de voyager instantanément de l'ancienne Terre jusqu'à ce nouvel Eden. Parallèlement à la mise en place de ce projet, Internet a connu de profond bouleversement et est désormais accessible télépathiquement par les 2/3 de la population mondiale, grâce à un serveur central. Mais peu avant le début du récit, la population terrestre, horrifiée, apprend que ce « serveur » est en fait un enfant ! Un projet alternatif de serveur électro-nique est alors développé à bord de la deuxième Station Spatiale Internationale où la navette Aigle de l'Aube est amarrée. Quelques mois après l'arrivée à bord de la station de l'un des scientifiques impliqué dans ce projet, Melody McCabe, des tests de fonctionnement du portail provoquent un accident et l'intrusion d'une créature inhumaine dans la station.
Rosangela souffre du syndrome de la femme parfaite. Cette habitante de Niteroi (État de Rio de Janeiro) est une dentiste reconnue, elle a son propre cabinet. Son mari, un cardiologue à succès, a bon caractère et est très amoureux d'elle. Ses enfants préadolescents étudient dans des écoles privées et sont de véritables petites merveilles. Elle a une belle voiture neuve et son compte bancaire est bien rempli...
Le seul problème, c'est cette cousine aux magnifiques cheveux blonds. Cette cousine qui, en dépit d'être pauvre, de s'être fait plaquer par son mari et de vivre chez ses parents dans une banlieue sordide, fait face à ses problèmes avec une tranquillité d'esprit désarmante. Et surtout avec ce sourire toujours éclatant qui, aux yeux de Rosangela, semble refléter les feux de l'enfer. Obnubilée par cette cousine qui sourit sans arrêt à la vie, Rosangela remet tout en cause, quitte mari et enfants et tombe dans une spirale autodestructrice qui finira tragiquement.
Après le brillant Tungstène, primé à Angoulême en 2016, Marcello Quintanilha revient avec un suspense psychologique virtuose, le portrait au scalpel d'une femme envieuse qui perd complètement pied.
Après la science (Fables Scientifiques) et la maladie mentale (Fables Psychiatriques), Darryl Cunningham se penche sur les relations entre la politique et l'économie, et plus précisément sur l'évolution des doctrines libérales et leur rôle dans le déclenchement de la crise de 2008, puis de la montée de l'extrême droite en Europe. Cunningham brosse d'abord le portrait d'Ayn Rand, auteure américaine - La Grève - qui a été extraordinairement influente aux États-Unis.
Ayn Rand est à l'origine de la doctrine de l'objectivisme et a influencé de très nombreux hommes politiques américains, dont les libertariens, mais aussi des personnes clés de l'ad-ministration qui jouèrent un rôle prédominant au moment de la crise de 2008. Cunningham décrit ensuite dans le détail, les mécanismes en cause dans cette crise, et les ravages qu'elle a causés, parallèlement à un nouvel essor des politiques libérales et à la montée de l'individualisme dans nos sociétés. Son engagement est sans équivoque et il annonce claire-ment la couleur dans sa préface : « Dans des États démocratiques, où le droit de vote existe, on ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes d'avoir donné le pouvoir à ceux qui esti-ment vertueux de privilégier l'amoncellement d'argent au lieu de l'égalité de tous ».
A l'âge de 30 ans, Shaghayegh Moazzami a quitté l'Iran pour le Canada à la faveur d'un mariage blanc. Dans " Hantée ", elle raconte toutes les difficultés qu'elle a connues dans son pays d'origine - aussi bien à l'école qu'au sein de sa propre famille - et qui l'ont poussée à s'exiler. Elle raconte surtout comment, une fois arrivée au Canada en 2016, elle n'a pour autant pas réussi à trouver de répit et a continué de subir le poids de la religion et des traditions inculquées dans sa jeunesse.
Un poids qui s'est un jour manifesté par l'apparition d'une vieille femme imaginaire, bigote et ultraconservatrice. Une vieille femme qui se met à persécuter Shaghayegh, lui reprochant sans cesse son mode de vie occidental et lui faisant des remontrances chaque fois qu'elle fait quelque chose d'interdit ou de mal vu dans son pays (faire du vélo ou fumer quand on est une femme, boire de l'alcool, etc)...
" Hantée " est un récit autobiographique sans fard, une plongée dans la psyché perturbée d'une jeune femme en colère confrontée à des démons intérieurs et à une situation personnelle qui l'insatisfait au plus haut point. A travers ce récit, Shaghayegh Moazzami montre comment le peuple iranien, et singulièrement les femmes de ce pays, continuent de subir encore de nos jours une incroyable pression qui les marquera souvent à vie.
La Grâce de l'autrice finlandaise Emmi Valve est un récit saisissant sur les troubles mentaux. Dans ce long récit autobiographique de 300 pages, Emmi Valve décrit l'expérience qu'elle a, depuis son enfance, d'une forme particulière de dépression sévère parfois appelée dépression existentielle. Les personnes qui en souffrent ressentent un vide absolu dans leur existence et éprouvent de façon terriblement exacerbée le sentiment que leur vie n'a aucun sens.
Emmi Valve décrit méthodiquement sa plongée dans l'horreur, la dégradation de son état psychique alors qu'elle était jeune adulte et sa lente sortie de cet enfer après en séjour en HP. C'est un récit brut, sans fard, raconté avec beaucoup d'honnêteté, mais aussi avec du recul et sans auto apitoiement, rythmé par des têtes de chapitres extraites des carnets dans lesquels l'autrice couchait ses doutes et questionnements.
Emmi Valve montre également une belle maîtrise de la couleur - qui jouera un rôle important dans sa bataille pour mener une vie "normale" - et qu'elle utilise pour retranscrire les sensations, les ressentis et très souvent l'angoisse et la noirceur. La Grâce est un livre puissant et percutant, la terrible histoire d'une jeune femme dont la vie a longtemps été un véritable cauchemar éveillé.