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Verticales
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" les petits cons de la corniche.
La bande. on ne sait les nommer autrement. leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. " le temps d'un été, quelques adolescents désoeuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche kennedy. derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe.
Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer. apre et sensuelle, la magie de ce roman ne tient qu'à un fil, le fil d'une écriture sans temps morts, cristallisant tous les vertiges.
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Ne rien dire, ne pas s'envoler dans le commentaire, rester à la confluence du savoir et de l'ignorance, au pied du mur. Montrer comment c'est, comment ça se passe, comment ça marche, comment ça ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idées par des gestes. Juste documenter la quotidienneté laborieuse.
Entre les murs s'inspire de l'ordinaire tragi-comique d'un professeur de français. Dans ce roman écrit au plus près du réel, François Bégaudeau révèle et investit l'état brut d'une langue vivante, la nôtre, dont le collège est la plus fidèle chambre d'échos.
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Bréviaire des artificiers ; manuel de terrorisme
Mathias Enard
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 22 Février 2007
- 9782070782789
manuel de terrorisme à l'usage des débutants, ce livre, agrémenté d'une cinquantaine d'illustrations, renseignera utilement l'amateur de savoir-vivre, et si nécessaire, de savoir-mourir.
pour éclairer sa lanterne - comme virgilio, un apprenti artificier des îles caraïbes -, il profitera des dix leçons de sagesse d'un maître en ces matières explosives. les auteurs tiennent à décliner toute responsabilité quant aux conséquences esthétiques, politiques ou digestives liées à la mise en pratique des conseils ici recueillis. toute ressemblance avec des personnes présentes ou à venir serait certes surprenante, mais pas impossible.
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"Quand on couche pas, même si on est convaincu que ça avance à rien, animal triste et tout, eh bien on est angoissé, assez connement je dois dire mais voilà. Alors on essaie de trouver des plans, avec même de l'amour des fois, ce qui complique les choses, ou au contraire ça les simplifie, enfin faut voir, il y a un peu de tout dans ce dossier-là." Selon un subtil désordre chronologique, ce roman à épisodes brouille les pistes de l'existence de Jules, amateur de plans improbables, journaliste sportif et célibataire intermittent. De malentendus jouissifs en gags à répétition, l'auteur tient la chronique de ses aventures et fiascos parmi une dizaine de trentenaires des deux sexes. A moins que ce jeu de rôles archi-contemporain n'implose in extremis, pour s'ouvrir à une fantaisie sentimentale, assumée dans toute sa douceur.
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«Je voudrais interroger l'ahurissant mystère de ne pas avoir d'enfant comme on interroge l'ahurissant mystère d'en avoir.»
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Frère animal
Arnaud Cathrine, Florent Marchet
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 6 Mars 2008
- 9782070120390
Construit en dix-huit tableaux, Frère animal s'articule autour de la vie quotidienne du monde hypermoderne qu'est le nôtre. Arnaud Cathrine et Florent Marchet y portent, avec douceur, un regard narquois sur l'aliénation. L'histoire se déroule dans une ville moyenne, dont le centre névralgique est une usine de fabrication d'objets aussi improbables que ridicules : les Culbutos (ustensiles et équipements de plaisance qui ont la particularité de ne jamais se renverser même contre vents et marées). Cette usine réunit aussi bien des ingénieurs que des ouvriers et des manutentionnaires qui ont tous la même particularité : être originaire de la même ville et avoir grandi sur les mêmes bancs d'école. L'histoire croise le destin de plusieurs personnages ayant un lien avec cette ville et - fatalement - avec cette Mère nourricière qu'est l'usine. Vélo, boulot, Culbuto, tel est le quotidien de Thibaut, l'anti-héros de ce texte, dont nous suivons le parcours professionnel. Mais cet enfant ingrat exprime quelques-uns de ses doutes : il constate que " Mère nourricière " n'aime pas ses vieux enfants... Pavé doux dans un monde brutal, Frère animal avance à pas feutrés, avec le secret espoir de faire se soulever quelques paupières lourdes. Ce texte à quatre mains s'accompagne d'un CD de dix-huit morceaux composés par Florent Marchet. Les textes sont dits et chantés par Arnaud Cathrine et Florent Marchet, avec la participation de Chiara Mastroianni.
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La disparition de richard taylor
Arnaud Cathrine
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 4 Janvier 2007
- 9782070781294
Richard Taylor, Londonien ordinaire comme des millions d'autres, a quitté le domicile conjugal le 16 mai 1998. Il a été aperçu au bar interlope Madame Jojo's au milieu de la nuit, puis à la station Brixton dans la matinée. Qui est-il ? Un fils et frère modèle, un mari sans histoires, un jeune père sans relief, un banal employé de la BBC. Pourquoi vient-il de s'évanouir de sa propre existence ? Évasion hors d'une routine invivable ? Coup de tête aux limites de la folie ? Aveu d'un adultère secret oe
Les motifs possibles de ce départ - mais y a-t-il vraiment départ ? - ne seront élucidés que très progressivement, et partiellement, au fil du récit. Car Richard Taylor n'existe qu'en creux, par ouï-dire, propos rapportés et recoupements plus ou moins illusoires, au gré des témoignages d'une dizaine de femmes qui peuplent ce récit en puzzle..
Au travers de ces bribes saisies à la dérobée, le destin infime de Richard Taylor prend progressivement une épaisseur surprenante, jusqu'à devenir l'incarnation de la crise d'identité masculine de notre époque.
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« Maintenant qu'on en est là, qu'est-ce qu'on fait ? comment on rebondit ? » Jean-Charles Massera a choisi de soumettre les « sujets de société » à une sorte de forum en direct. Il faut que ça parle, dans toutes les oralités possibles. D'où cette agora qui met en discussion nos espoirs, préjugés et déceptions à l'heure de l'Europe mondialisée. Parmi les débatteurs des deux sexes, on trouvera des nostalgiques, des indécis, des blasés, des technophiles, des beaufs, des ultra-modérés, des super positifs, des qui essayent de faire avec... Et de quoi causent-ils ? D'abstractions concrètes, autrement dit de grands idéaux ramenés à l'échelle de l'achat d'une cuisine équipée, de la pratique du roller, de la crise bancaire ou du port du string.
Se poser des questions à plusieurs, tel est le programme minimum de We Are L'Europe. Objectif largement dépassé, puisqu'en les posant, Jean-Charles Massera détourne le modèle de la démocratie participative pour aménager un lieu utopique où l'on pourrait se réfléchir les uns les autres.
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Les trois miliciens sont entrés dans la maison et ont abattu nos parents.
Ils ont cru nous avoir tués, ma soeur et moi, puis s'en sont retournés presque aussitôt. Le hasard ou leur maladresse a voulu que nous restions en vie. Hamjha et moi sommes désormais clandestins dans cette ville soumise à une guerre civile. A tour de rôle nous guettons les sections d'exécution mais notre sort semble déjà scellé. Je ne me reconnais plus. J'ai les yeux secs. Pour combien de temps encore ?
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Un homme louche se donne à lire comme le journal intime d'un certain Jean-Daniel Dugommier, rédigé à deux époques cruciales de sa vie : sa jeunesse " autistique " au début des années 1980, puis son existence de trentenaire mal socialisé peu avant sa mort soudaine.
Dans le " Cahier 1 ", on découvre le collégien Dugommier, dit " le Glaviot ", 13 ans, qui s'ennuie à mourir dans un lotissement où ses parents tiennent une petite épicerie. Sur fond de hard rock, il note les moindres détails de son quotidien de gamin en révolte latente et complexes inavoués. Il scrute ses voisins, théorise les tares familiales avec un mauvais esprit à l'ironie cinglante. Cette omniscience précoce trouve bientôt son explication : le jeune narrateur se sent doué de " superpouvoirs ", une sorte de caméra spéciale implantée dans son cerveau lui permettrait de pénà9trer les consciences de son entourage.
Se croyant investi d'une mission d'observation ultrasecrète sur l'humanité, notre surdoué préfère se faire passer pour un attardé. Jusqu'à son internement d'office, son cahier ayant été finalement découvert par sa mère. Dès lors, ses prises de notes vont céder la place à une série de dessins désespérés, puis au vertigineux silence d'un doux dingue sous camisole chimique.
Le " Cahier 2 " nous fait retrouver JDD à l'été 2008. À 39 ans, il est installé à Lyon où il est devenu correcteur à domicile. On reconstitue les pièces manquantes de son existence : sa tentative de vie conjugale, la mort tragique de son fils, ses errements au bistro, ses velléités sentimentales . Tout cela l'aura mené aux confins d'une existence à minima, moitié spéculative moitié végétative, avant qu'une rupture d'anévrisme vienne couper court à son ultime projet : rien moins qu'un attentat planétaire.
Avec cette histoire tragi-comique d'un individu aussi inclassable qu'attachant, ridicule et profond, François Beaune fait preuve d'une liberté romanesque foisonnante et déjantée comme on n'en rencontre que rarement.
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" Ce mardi 6 février 1973, vers 19 heures 15, pendant que ma soeur était censée travailler ses gammes au conservatoire, je voulais juste disparaître, en chien de fusil sur l'édredon, mais comme dans l'appartement, il n'y avait personne pour confirmer que j'étais chez moi, alors on n'a pas voulu croire à mon alibi et on m'a soupçonné d'avoir brouillé les pistes exprès, parce que vingt minutes de solitude, à ce stade de l'enquête, c'était juste un trou noir dans mon emploi du temps et, à onze ans moins des poussières, nia parole contre la leur, ça comptait pour presque rien. " Après Le Théoriste et son narrateur cobaye d'une expérience de Laboratoire, Yves Pagès revient sur le territoire de l'enfance dans la peau de Romain, un fugueur halluciné. C'est dans l'oralité d'une langue juvénile, les images volées aux films cultes de L'époque ou les voix off d'un esprit contestataire, qu'il puise des trésors d'imagination et d'humour pour déjouer les leurres du " soi-disant " principe de réalité.
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J'habite dans la télévision
Chloé Delaume
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 31 Août 2006
- 9782070781393
Ce que nous vendons à Coca-Cola c'est du temps de cerveau humain disponible. Chloé Delaume a voulu comprendre en quoi consistait la mise en disponibilité mentale des téléspectateurs. Durant 22 mois, du lever au coucher, elle s'est faite "sentinelle" de la télévision, devenant son propre sujet d'étude, se soumettant aux flux de messages médiatiques et publicitaires, ingurgitant Le maximum de programmes de divertissement, téléréalité surtout, pour en ramener " des informations du réel". A travers cette expérience limite, la narratrice décrypte sa mutation en cours: cerveau et corps se modifient inéluctablement. Quand l'humain n'est plus qu'un outil au service de " la fiction collective ". J'habite dans la télévision est un puzzle où chaque pièce pullule de références, de propos télé-rapportés, appliquant au discours du neuro-marketing une grille de lecture singulière, dont la lucidité a parfois des accents paranoïaques. L'humour de Chloé Delaume sédimente ce texte et invite chacun à s'interroger sur la marge de manoeuvre de son libre arbitre.
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Au centre de ces Fragments..., la personnalité singulière de Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), écrivain, physicien, mathématicien, homme d'énigme, de solitude et de grande fantaisie, avant tout réputé pour ses écrits derrière lesquels il semble avoir disparu. Pour transformer en fiction cette existence méconnue, Pierre Senges pose l'hypothèse suivante : les milliers d'aphorismes de Lichtenberg seraient en vérité les morceaux épars d'une grande oeuvre mystérieuse, aujourd'hui perdue. Autrement dit, Lichtenberg aurait passé sa vie solitaire à composer un roman monumental, entre La Recherche du temps perdu et Les Mille et une Nuits, et ses aphorismes en sont les dernières traces.
Quel était ce roman ? Pourquoi et comment a-t-il disparu ? Dans quel ordre associer les pièces de ce vaste casse-tête ? C'est l'énigme que tentent de résoudre, dans ce roman à tiroir, des chercheurs des quatre coins de l'Europe, chacun y allant de son interprétation. Ainsi, selon Mulligan et Stewart, il s'agirait d'une biographie de Polichinelle ; d'autres y voient l'histoire d'un concile de Pampelune penché des années durant sur la troublante révélation de Christophe Colomb selon laquelle la terre ne serait pas tout à fait ronde, mais plutôt semblable à un sein de femme. Autres hypothèses : les fragments rassemblés raconteraient l'histoire d'un Ovide revenu d'exil, étonné de ce qu'il voit après une dizaine d'années d'absence ; ou une version moderne de l'Arche de Noé ; ou encore l'ébauche d'un nouveau Robinson Crusoé... Autant de spéculations jubilatoires au sein d'un imaginaire fantasque et savoureux.
Dans cette biographie baroque, Pierre Senges donne enfin à l'humble et génial Lichtenberg l'écrin que la Littérature lui devait.
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'Les néons du sous-marin offrent aux visiteurs l'inédite signature rose pin-up d'un bordel incandescent qui draguent sa clientèle par longs flashs de sept secondes. Et, quand on voit, de soir en soir, le nom de l'établissement baver sur le feuillage des grands pins maritimes centenaires qui nous dominent, je pense que c'est une réussite.' Mêlant la satire de moeurs, l'érudition parodique, l'anticipation sociopolitique et le mélodrame portuaire, Des néons sous la mer se présente comme une fiction inclassable qui multiplie les voies d'eau pour approcher la question complexe, et ici décomplexée, de la prostitution.
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Rêves d'histoire ; pour une histoire de l'ordinaire
Philippe Artières
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 9 Octobre 2014
- 9782070146642
Philippe Artières, historien passionné d'art contemporain et de littérature fragmentaire, laisse dans cet ouvrage libre cours à ses désirs secrets de chercheur, dans une approche de l'Histoire joyeusement savante, personnelle et insolite. Réunissant de courts textes très divers, Rêves d'histoire propose une anthologie de rêveries ou, plus exactement, de " désirs d'histoire " encore non explorées. On y trouvera donc des idées brutes, des pistes incongrues, des domaines de recherche à arpenter, parfois nées à la lecture d'une source ou d'une archive qui révèle son imaginaire potentiel, ces îlots encore vierges qu'aucune carte n'avait encore répertorié.
Mais l'historien n'est pas romancier à proprement parler, plutôt collecteur de détails, explorateur du plus simple ordinaire. Et s'il ne prétend pas plus emprunter la posture du demiurge que renoncer à l'honnêteté intellectuelle du chercheur, il se fait ici résolument homme de récits. Ou comment raconter l'histoire de la ceinture, des ordonnances médicales, de la tombe de Pétain (le " salaud de Yeu "), des routes, de la banderole, etc.
Brièvement développées, agrémentées d'allusions autobiographiques et organisées en trois parties (Objets/Lieux/Traces), ces échappées ouvrent autant de champs de recherche dont on se plaît à imaginer la fécondité, parfois vertigineuse - mais souvent à l'état d'ébauche, elles sont inscrites dans la frustration de l'inachèvement. Un exemple parmi d'autres : autour d'une réflexion sur la cloison, procédant par digressions successives, l'auteur propose une histoire croisée du confessionnal, du parloir et de l'hygiaphone - de quoi faire apparaître toute une géographie de la parole dans nos sociétés, ce qui ne nous étonnera pas chez ce foucaldien de la deuxième génération.
Au terme de ce recueil, Philippe Artières revient dans une postface-manifeste inédite sur toutes ses tentations d'écriture et interroge " cet hybride objet qu'est le récit historique ".
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Description de l'omme
Jacques Rebotier
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 30 Octobre 2008
- 9782070123025
« Description de l'omme est une encyclopédie médiévale écrite au vingt-deuxième siècle par un papillon, ou une grenouille.
Anatomie, sang, passions, parole, organisation sociale, religion, moyens de production et de reproduction, sexe(s), monnaie, arts, hunivers, tout y passe, et en revue. Tout est tenu dans le désordre lacunaire du monde. Tout s'explique : il y a des boules, et il y a des trous. »
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C'est maintenant du passé
Marianne Rubinstein
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 8 Octobre 2009
- 9782070126989
Qu'écrire encore sur la Shoah qui ne l'a déjà été ? Peut-être son empreinte sur le présent. Comprenant que toute trace de l'existence de ses grands-parents paternels n'a pu disparaître, Marianne Rubinstein décide de savoir ce qu'il reste d'eux. Elle exhume de rares documents d'époque conservés dans une " boîte en fer bleue " et finit même par esquisser un arbre généalogique. Mais alors qu'elle fouille dans te passé, sa recherche ne cesse de déborder sur le présent, de " travailler " sa relation avec son père, de renouveler sa perception de la place et des origines. Récit en forme d'enquête fragmentaire, C'est maintenant du passé récolte les bribes d'une histoire forcément incomplète, ces destins brisés par la Shoah. Et c'est en s'adossant à la tradition littéraire japonaise du haïku que l'auteur parvient à restituer un peu de la vie des siens, pour recueillir la douleur et trouver l'apaisement.
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"Je ne sais pas à quoi vous faites allusion. Dans ma maison, il y a sept chambres. Je dormais alternativement dans l'une d'elles. Pas d'autre pièce. Non, pas de cave pas de grenier non plus. Les clés me servaient à ouvrir les portes des chambres, évidemment. Non, je ne sais pas ce qu'elles sont devenues." Qui témoigne ici? Quel est cet homme au passé incertain? Un personnage de fable ou un monstre de fait divers? Que cache son pavillon labyrinthique non loin de la Loire? Et qu'y font ces sept femmes aux pseudonymes obsédants? Captives consentantes ou héroïnes amoureuses? Dans ce récit à plusieurs voix, entre paroles lacunaires et désirs de possession, Anne Luthaud explore jusqu'au vertige, de son écriture épurée et musicale, les tentations et répulsions secrètes qui se jouent entre homme et femme. Jusqu'à la disparition, jusqu'à l'indécidable vérité.
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La première chose qu'il vit en entrant dans son cabinet de travail fut ce dessin fort complexe d'un piédestal destiné à recevoir un tabernacle pour la chapelle Pamphili et qu'il avait esquissé la veille. Le trait, hors de raison, comme voulant se retourner sur lui-même et se dissoudre en repentirs incessants, infléchissait vingt fois sa route, avec des sursauts exacerbés et contraires, et dans les brisures et les fragments de courbe qui se succédaient sans autre cause visible que le mouvement lui-même, se lisait un défi à l'univers tout entier, jeté là sur ce coin de table. Il avait écrit, dans l'emportement, au bas de la feuille : Pour échapper à l'ennui.
En cette deuxième partie du XVIIe siècle, partout en Europe, s'instaure une crise de la pensée et de la Foi, entre l'oraison triomphante de la Contre-Réforme et les Lumières rationalistes qui s'annoncent. Une situation de névrose généralisée en quelque sorte, qui résonne étrangement avec notre époque, dont l'architecte lombard Francesco Borromini (1599-1667), érudit autodidacte et mélancolique, serait une figure exemplaire. Et son architecture, une réponse aux allures d'épilogue (sinon d'épitaphe) à cinq siècles d'art religieux italien.
C'est l'hypothèse de ce roman biographique qui nous fait découvrir ce formidable inventeur de formes, rival malheureux du Bernin, pendant les vingt-six dernières années de sa vie, nous entraînant au coeur de sa réflexion, à la naissance même de son geste d'artiste bâtisseur du sacré... jusqu'à ce jour d'août 1667 où il se blessera à mort, volontairement.
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Jean de la ciotat, la légende
Jean-charles Massera
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 8 Mars 2007
- 9782070782574
de celui que les internautes du peloton cyclosportif avaient fini par surnommer jdlc, on sait peu de choses.
son maillot, son cuissard et son casque étaient à dominante rouge, ses résultats étaient médiocres, son entraînement incohérent et ses objectifs largement hors de portée pour un homme qui n'avait pas exercé la moindre activité sportive durant plus de vingt ans. le 20 août 2005, après deux saisons au sein de l'avcc (vélo club ciotaden), jean de la ciotat met un terme à sa carrière cyclosportive et redevient à plein temps jean-charles massera.
jean de la ciotat, la légende débute par une correspondance électronique entre un sportif aux performances peu flatteuses et son alter ego, un intellectuel gêné par le retour du corps dans sa vie et la découverte du premier degré.
soit 365 pages pour comprendre comment, en prenant une licence sous le nom d'un personnage, la fiction peut entrer dans la réalité et - après avoir vécu ce que l'on est en train d'écrire - la réalité dans la fiction.
et puis, surtout, comprendre comment une conscience critique, convaincue depuis plus de vingt ans que les seules expériences possibles sont celles de la pensée, peut vivre les 180 kilomètres d'une épreuve cycliste se terminant sous un chapiteau festif autour d'une pasta-party...
"pour comprendre, il fallait que je m'écrive."
j.-c.
m.
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Mûriers sauvages est le livre initiatique de Sara, enfant druze élevée sous le joug d'un père-tyran, dans une magnanerie de la montagne libanaise. Tandis que les ouvrières dévident les cocons de soie, Sara remonte le fil de ses origines. Elle n'a de cesse de reconstituer l'image de sa mère, « la maudite », une femme trop libre, qui a quitté la propriété lorsque Sara avait trois ans.
Mûriers sauvages est le roman d'une double métamorphose : celle d'une jeune femme qui finit par accepter son passé, celle d'une civilisation crépusculaire dont les derniers liens traditionnels lâchent. C'est la chronique délicate d'un être en devenir et d'une famille où se joue le petit théâtre de la grande Histoire.
Au moyen d'une langue volontiers intime et mélancolique mais toujours à vif, Imane Humaydane-Younes, conteuse des vies suspendues, tisse sous nos yeux la trame d'un Orient au féminin.
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«Un livre, sans contacts physiques, cesse de se développer. Caressez-le. Feuilletez-moi.» Sous la vitesse est une tentative d'hétéroportrait où l'auteur cherche à se peindre par le prisme des autres, de la politique, par les détails et événements fugitifs du monde. Trois fuseaux horaires composent la trame : de 2006 à 1967, un journal de bord écrit à l'envers ; sur quelques années, les aventures d'un pin maritime, avec tempête et embruns ; sur quelques dizaines de minutes, une tentative de se refaire le portrait : coupe au bol, hérisson, friche industrielle (terre et graviers), le coiffeur ne sait plus où donner du ciseau. Dans ce parcours foisonnant, jazzé de bout en bout avec une énergie contagieuse et une autodérision qui déjoue la prétention ou l'hermétisme de ce genre de dispositif, Ludovic Hary parvient à capter la sensualité de ces petits riens qui font l'éternité du présent, à toutes les époques de la vie.
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Sort l'assassin, entre le spectre
Pierre Senges
- Verticales
- Phase Deux Verticales
- 31 Août 2006
- 9782070781126
MACBETH, brandissant son poignard - Vois-tu, Duncan, je n'arrive pas à me défaire d'un doute. J'ai été Macbeth et je continue de l'être, de cela je suis sûr ; seulement mes souvenirs sont confus et les preuves m'échappent, si bien qu'il m'est impossible de savoir si j'ai été le vrai roi d'Ecosse ou plutôt un comédien dans le rôle du roi d'Ecosse. Tu pourrais peut-être m'aider à me faire une opinion ? Tu connais l'histoire de ton pays, tu connais la tragédie, et Shakespeare, ça te dit quelque chose. Tu sais que Macbeth est ce garçon pris de panique pour un rien, capable d'assassiner le roi légitime, le bon Duncan, pour prendre sa place et régner quelque temps dans la peau de l'usurpateur. Alors, dis-moi, maintenant que je te tiens au bout de ce poignard, si je suis là pour te divertir comme un clown ou te terroriser comme un tyran. L'incertitude est douloureuse, tu le sais : la vie n'est qu'une ombre qui... DUNCAN - Décide-toi une fois pour toutes, Macbeth, qu'on en finisse. (Il meurt.)
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" Non, tu ne montes pas en haut d'une grue pour jeter le rouleau à la mer, non, tu ne le mets pas dans une bouteille, tu ne disperses pas les lettres au vent pour qu'un homme les trouve et tombe amoureux de toi, non, tu attaches le rouleau avec un filin et tu le donnes à un vieil homme que tu as repéré, toujours assis au même endroit, près d'un bateau en réfection. L'homme lit les lettres, les donne à son fils, qui les donne à sa femme, qui les donne à sa soeur, qui laisse le rouleau sur une table basse. Oui, elle a un jeune chien - il déchire le rouleau, le met en pièces, l'éparpille, elle se fâche, jette les bouts de papier sans les regarder. " Conçu comme un jeu guerrier, Blanc est un jeu de rôles entre deux amants, dans lequel la parole est une arme de destruction individuelle. Une femme impose un scénario à son interlocuteur qui poursuit la fiction devenant nouvelle intrigue... Une joute oratoire, de défi en défi, déroule comme par procuration l'état de leurs propres rapports de force, de couple. Jusqu'en fin de partie.