Éditorial : Maud Simonnot, «Sous sa couverture d'un rouge éclatant, le nouveau numéro de la Nrf fait volontairement coexister deux dossiers aux antipodes l'un de l'autre.»Femmes : Claire Marin, Ton âgeHélène Gestern, Être neutre, être femmeKerwin Spire, Vies de Lesley BlanchCarol Ann Duffy, Mme la BêteNathalie Azoulai, Pour Sylvie Guillem, et tout le tralala du corps des fillesPatrick Autréaux, Le livre-placenta. Água viva de Clarice LispectorJulia Kerninon, Le personnage féminin. Les Lionnes de Lucy EllmannCamille Dejardin, John Stuart Mill, Harriet Taylor et l'émancipation des femmes : liberté, égalité, mixitéHemley Boum - Anne-Sophie Stefanini, Nos libertésAnna Ayanoglou, Symptômes, jour et Symptômes, nuitLe dossier Céline : Louis-Ferdinand Céline, La vieille dégoûtante (nouvelle inédite)Philippe Bordas, L'ultrafin célinienAlban Cerisier, Ce fut Angèle ma première lectrice. Sur Londres de CélineYves Pagès, Londres : hors champ cosmopolite pour apatrides désenchantésJavier Santiso, Les dimanches on sort les vieuxJosselin Guillois, Fragments d'un Journal (fictif) de Louis-Ferdinand CélineDans la bibliothèque de... : Michèle Gazier, Dans la bibliothèque d'Annie ErnauxCritiques libres : Maylis Besserie, Patrick Grainville, Trio des Ardents (Seuil)Dominique Barbéris, Karel Schoeman, Le jardin céleste (Acte Sud)David Rochefort, Mathieu Belezi, Le petit roi (Le Tripode)Olivier Barrot, La Comédie-Française en trois actesPatrick Amine, La réouverture du musée royal des Beaux-Arts d'AnversSean J. Rose, «Le bégaiement de l'histoire», Thomas Demand au Jeu de Paume
Ce nouveau numéro de L'Atelier du roman est triplement commémoratif.
C'est un hommage à Sempé, un an après son décès. Ses dessins humoristiques, dont nous reprenons ici quelques-uns, accompagnent la revue depuis ses débuts.
C'est aussi l'expression d'une profonde amitié et de gratitude envers Milan Kundera, qui vient de nous quitter.
Et c'est aussi l'anniversaire des 30 ans de L'Atelier du roman, dont la devise fut, est et sera : la critique littéraire n'est pas une corvée mais un plaisir. En témoignent, une fois encore, les articles sur Sempé et Kundera, ainsi que nos chroniques.
Le travail fut le grand absent du débat sur les retraites, alors que le désir de travailler autrement était au coeur du refus de cette réforme. Si le travail reste une dimension essentielle de la vie sociale, ses réalités se sont diversifiées et fragmentées au point qu'on ne sait plus en débattre. Trop souvent rabattu sur la notion d'emploi, il est pourtant traversé de clivages et d'aspirations, que ce dossier coordonné par Anne Dujin veut contribuer à expliciter. À lire aussi dans ce numéro : Crise écologique : inutile de se soulever ? ; Le prix des migrants ; Est-il impossible d'être un intellectuel juif ? ; Constantin Sigov et la dignité humaine ; Droits et devoirs dans l'ordre républicain ; L'heure de Cristina Campo.
Mardi 11 juin 2019, 8 h du matin, le bus 103 déverse un flot de passagers à l'arrêt Val-de-Seine d'Alfortville (Val-de-Marne). Un groupe traverse la route et se dirige vers l'agence Chronopost. Une dizaine de vigiles attendent de pied ferme derrière la grille.
Mohamed sort un badge et la grille coulisse.
90 personnes envahissent la cour, dont une vingtaine de sans-papiers travaillant ou ayant travaillé à Chronopost, des sans-papiers du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry (Val-de-Marne) et une quinzaine de syndicalistes.
Il s'agit de dénoncer l'exploitation à l'oeuvre chez Chronopost par le moyen de la sous-traitance et de l'intérim et d'obtenir la régularisation de ces salariés sans-papiers.
Après quinze jours d'occupation, la justice ordonne l'évacuation. Les occupants se retrouvent devant l'agence et organisent un campement ; ils sont, certains soirs, 300. Au bout de six semaines, le campement compte quelque 110 personnes, qui y dorment et plusieurs dizaines d'autres qui y séjournent dans la journée. Il va servir de pôle d'organisation des actions et des manifestations visant les entreprises responsables, la préfecture, le ministère du travail et les entreprises où travaillent des sans-papiers qui n'ont pas été salariés de Chronopost.
Après plusieurs mois d'occupation, 26 grévistes sur 27 sont régularisés et les dossiers de 129 travailleurs sans-papiers mobilisés sont déposés. À la suite de ce dépôt, le campement est démonté le 16 janvier 2020.
Au cours des mois suivants, 46 régularisations et celle du 27e « Chrono » seront concédées par la préfecture.
Pendant la lutte, il fallait tout faire à la fois : organiser les grévistes, le couchage et assurer les repas, alimenter en essence le générateur, payer les petits déjeuners, informer sur la grève, faire en sorte que les délégués des Chronopost participent à des initiatives de popularisation, se défendre contre les arrestations, interpeller les entreprises du système Chronopost/La Poste, le ministère du travail, la préfecture, etc.
Le récit se termine avec la seconde grève des sans-papiers de Chronopost, qui débute en novembre 2021 et qui est toujours en cours au printemps 2023.
L'ouvrage est enrichi de nombreuses photos et documents : les rencontres avec les syndicats, l'analyse des circulaires ministérielles, des comptes rendus de réunions du comité de grève, les documents utilisés par les grévistes pour leur pointage quotidien, de nombreux tracts, des interviews de grévistes...
NEUF est une revue d'avant-garde qui incarne toute l'effervescence artistique et intellectuelle des années 1950, donnant une place centrale à la photographie et à ses auteurs.
Aucune collection publique ne dispose de l'intégralité des numéros de la revue. Le plus grand ensemble connu, conservé à la Bibliothèque Nationale de France, demeure incomplet.
La parution de ces fac-similés, 70 ans après leur première édition, rend enfin accessible aux passionnés comme au grand public l'intégralité de NEUF.
Ce coffret rassemble les 9 numéros et le hors-série du critique d'art Michel Ragon, Expression et Non-Figuration (1951). Un essai de l'historien de la photographie Michel Frizot dédié à cette aventure fondatrice de l'édition photographique française complète cette réédition.
Avec Les Grandes Espérances - titre provocateur en ces temps de guerres, d'attentisme climatique, d'ultralibéralisme et de colonialisme numérique -, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d'Iran, d'Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C'est dans l'adversité redoutable que les mots d'espérance et de liberté s'incarnent au plus vif : quiconque s'oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l'avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l'inaccompli du désir et du rêve - le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) -, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l'imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l'Histoire ? La poésie, l'art et les débats de ce nouvel opus d'Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l'espérance garde plus que jamais l'âpre saveur de la vie.
Longtemps le couple parental fut le pilier des sociétés patriarcales et hétérosexuelles. « Papa-maman » (au singulier) y désignait l'horizon indépassable du foyer censé produire et élever les enfants. Cette norme naturalisée, décriée comme « bourgeoise », régentait le corps social tout entier et le « Famille je vous hais ! » d'un Gide ne faisait que confirmer son empire. Les temps ont changé et si nul ne se soucie aujourd'hui de conspuer la famille, c'est qu'elle est dans tous ses états.
L'idée qu'il faille nécessairement un Père et une Mère pour faire naître et grandir des enfants semble datée, voire ringarde. L'hégémonie de l'ancien modèle parental est remise en cause tant par les avancées médicales (procréation médicalement assistée, gestation pour autrui, greffes d'utérus ou dons de mitochondries) que par des évolutions sociétales qui perturbent la symbolique conventionnelle.
Traditionnellement, le père a toujours été jugé « incertain » par le droit, par opposition à la mère, « certaine » par la grossesse et l'accouchement. Les techniques de procréation changent la donne et la figure maternelle elle-même perd un peu de son évidence. Quand l'enfant est conçu dans une éprouvette, qui sera véritablement « parent » de l'enfant à naître : le donneur de gamète (spermatozoïde, ovocyte), la personne qui le porte, celle qui l'éduque ?
Au coeur de notre psychologie, Freud avait placé le complexe d'oedipe : tuer le père, coucher avec la mère. Mais ce nouage de la constitution psychique (celle des hommes, du moins) est-il encore opératoire dans ces organisations nouvelles que sont la famille « queer », homoparentale ou transparentale ?
Ce numéro spécial de Critique interroge les silhouettes de Papa et Maman telles que les redécoupent des bouleversements biomédicaux et légaux sans précédent ; il s'efforce aussi d'en éclairer les mutations en les confrontant aux figures que l'histoire, la littérature ou le cinéma ont fixées dans notre imaginaire, depuis le père absent ou despotique à la mère infanticide ou incestueuse.
Papas-Mamans : les inconnu(e)s dans la maison ?
Numéro spécial coordonné par Thierry Hoquet.
En France, l'université publique souffre d'un manque de moyens et d'une absence de reconnaissance politique. À rebours des logiques d'évaluation et de marchandisation, ce dossier, coordonné par Matthieu Febvre-Issaly, défend l'idéal d'une université placée au centre de la production et de la transmission des savoirs, au fondement de la culture démocratique. À lire aussi dans ce numéro?: Une nouvelle civilité sexuelle?; Liberté et droit au suicide?; La victoire d'Erdogan?; La France de Vichy et l'Allemagne nazie?: états d'âme?; Entretien avec Pierre Michon?; Le dernier livre d'Yves Bonnefoy.
Actualités et nouveautés du livre pour la jeunesse.
De la conquête omeyyade de l'Hispanie wisigothique au début du VIIIe siècle à la prise de Grenade par les Rois catholiques en 1492, la longue histoire d'al-Andalus est d'une riche et tumultueuse complexité. Elle n'a cessé de susciter des interprétations contrastées, d'émouvoir des coeurs, de focaliser des débats, d'inspirer des poètes et d'engendrer des mythes.
Aussi tourmentée soit-elle, cette histoire nous fascine par son caractère d'exception. Exception que ces territoires ibériques où l'on vit, pendant plus de sept siècles, fleurir les arts, les échanges culturels partagés par trois monothéismes. Plus de sept siècles durant, des hommes et des femmes se sont parlé, ont travaillé en commun, ont échangé sur tous les thèmes, philosophie, poésie, médecine, mathématiques, alors que partout ailleurs, à la même époque, ils se seraient voué des haines mortelles. Cette forme de coexistence, aussi forcée fût-elle, aura eu des conséquences immenses. Ce n'est pas seulement la péninsule Ibérique et par contrecoup le Maghreb qui en furent enrichis, mais toute l'Europe. L'Hispanie devenue al-Andalus donna naissance à une culture originale, faite d'héritages croisés entre monde arabe, latin, juif et grec.
Diversifiant les angles d'approche, les thématiques et les éclairages, ce numéro d'Europe en offre un captivant panorama et nous convie à la rencontre d'un Andalus pluriel. Il fait large place aussi à ce qu'il est advenu de différents protagonistes après la fin du règne musulman, qu'il s'agisse du destin des Morisques ou de celui des Marranes. Les débats autour d'al-Andalus trouvent également des échos très actuels dans ce volume, en particulier à propos des conceptions contrastées qu'historiens et écrivains espagnols se font d'al-Andalus, chacun à sa manière et selon ses convictions et sa vision de l'histoire de l'Espagne. Enfin, une dernière section se penche sur les retentissements d'al-Andalus dans la littérature mondiale, depuis Hugo et Rilke jusqu'à Lorca, Aragon et Mahmoud Darwich.
Al-Andalus, fait rare dans l'Histoire, aura sans doute fourni le plus grand démenti à la néfaste affirmation de Rudyard Kipling : « L'Orient est l'Orient, l'Occident est l'Occident et, jamais, ces deux mondes ne parviendront à se comprendre ».
Le docteur Mort tourne le dos au vent pour allumer une cigarette qu'il tire d'un étui en or. Elle est encore plus longue qu'une 101, avec un bout rouge et un dragon d'or sur le papier.
« Pendant que tu regardais la mer, je suis sorti en catimini des pages de l'excellent roman que tu as dans la poche de ta veste.
- Je ne savais pas que vous pouviez faire ça.
- Oh, mais oui. Je viendrai te voir de temps à autre.
- Le capitaine Ransom est déjà là. Il va vous tuer. » Le docteur Mort sourit et hoche la tête.
« J'en doute fort. Vois-tu, Tackman, Ransom et moi, nous sommes un peu comme des lutteurs de foire ; nous faisons notre numéro sous des aspects variés, vingt fois, cent fois - mais c'est toujours pour la galerie. ».
Il expédie sa cigarette par-dessus la palissade, et pendant un moment on peut suivre des yeux la petite lueur de son bout enflammé, puis on la voit s'éteindre dans l'eau. Le temps de se retourner, et le docteur Mort a disparu. Il fait froid.
Gene Wolfe.
L'Île du docteur Mort et autres histoires.
Nombreux sont les chefs de cuisine, les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les maraichers à défendre une agriculture du vivant, celle qui privilégie les cycles naturels, respecte la biodiversité et préserve les ressources naturelles. Soucieux de proposer ou de cuisiner des produits sains et goûteux, ces hommes et ces femmes militent pour développer l'agroécologie, les sols vivants ou l'agroforesterie. Pour comprendre ces termes nouveaux et les engagements qui en découlent, nous avons donné la parole à 4 d'entre eux, Marc André Sélosse, biologiste et professeur au Museum national d'Histoire naturelle infatigable défenseur de la biodiversité dans les sols qui aime souligner à quel point cette fine couche de terre, méconnue, joue un rôle primordial pour l'équilibre de la nature, Edouard Stalin de la Ferme de la Mare des Rufaux en Normandie, maraîcher qui a débuté sur des sols morts et qui par ses méthodes, a totalement retrouvé de la biodiversité dans ses sols et dans sa végétation, Bruno Verjus, chef étoilé Michelin à Paris qui rappelle que cuisiner, c'est ne jamais quitter des yeux le vivant et enfin, Luis Barraud, consultant en transition écologique qui accompagne les agriculteurs désireux de changer de paradigme. À ces rencontres essentielles pour comprendre l'agriculture et la nourriture du vivant, nos journalistes ont enquêté sur les vins vivants, le scandale des semences ou l'intérêt de la fermentation dans le vivant.
Cela fait maintenant près de 10 ans que Nicole vous régale chaque année avec son cocktail collectif de bandes dessinées et ce nouveau numéro ne manquera pas de vous surprendre !
À l'origine de cette revue, il y a avant tout l'envie de défendre des auteurs et des autrices dont nous apprécions le travail, qu'ils soient publiés dans notre catalogue ou non. Avec Nicole, nous souhaitons cultiver la curiosité des lecteurs en leur proposant un mélange éclectique de styles, de nouveautés, de redécouvertes et d'inédits. Cette mise en avant s'accompagne de textes critiques sur la chaîne du livre et sur le milieu de la bande dessinée, que nous voyons évoluer depuis maintenant 30 ans. Impertinente, incisive et imparfaite, Nicole livre le regard d'un éditeur sur son propre environnement.
Vous l'aurez compris, le but de cette revue n'est pas de gagner de l'argent mais bien de promouvoir, de défendre.
Au sommaire de ce nouveau numéro, vous trouverez :
Toshio Saeki, François Ayroles, Jean-Louis Capron, Nicole Claveloux, Antoine Cossé, Charles Burns, Chas Laborde, Luciano Bottaro, François Fléché, Bill Franco, Sammy Harkham, Anouk Ricard, L.L. de Mars, Antoine Maillard, Shigeru Mizuki, Delphine Panique, Gus Bofa, Benoît Preteseille, Simon Roussin, Olivier Texier et Willem.
Je me suis sentie tout à coup très seule, vulnérable. Une brise soufflait de la mer et me projetait du sable dans les yeux. Le soleil basculait vers l'horizon et il ferait bientôt froid. Au moment où les prémices de la panique montaient en moi, un homme est sorti de la maison en se frottant vivement les mains. Puis il a emprunté un sentier pavé dans ma direction.
« Ravi de vous voir ici, Carrie. » Je me suis brusquement sentie idiote d'avoir envisagé que Zima ne vienne pas.
« Salut », ai-je répondu, mal à l'aise.
Mon hôte m'a tendu la main. Je l'ai serrée et j'ai perçu la texture légèrement plastique de sa peau artificielle. Aujourd'hui, elle était gris étain.
« Allons nous asseoir sur le balcon. Le crépuscule est un beau spectacle, n'est-ce pas ? » J'ai acquiescé : « En effet. » Il s'est détourné, s'est dirigé vers la maison. Ses muscles, contractés par la marche, saillaient sous sa peau à la couleur métallique. Des éclats pareils à des écailles sur la chair de son dos tissaient comme une mosaïque de puces réfléchissantes. Il était aussi beau qu'une statue ; une panthère puissante et déliée...
Alastair Reynolds.
Bleu Zima.
La pandémie de Covid-19 a placé la santé publique au coeur de nos sociétés en révélant une immense vulnérabilité collective, mais celle-ci peine encore à se constituer en objet de débat public. Pourtant, les défis posés au système de santé, comme l'inégalité d'accès aux soins, la prévention, les conditions de travail des soignants, le réchauffement climatique ou le numérique, relèvent de choix collectifs. Ce dossier, coordonné par Yann Bubien et Anne Dujin, propose une approche globale et politique de la santé publique pour le xxie siècle. À lire aussi dans ce numéro : La renaissance du moralisme américain ; Dans le miroir de Boutcha ; La Syrie martyrisée ; Idées reçues sur l'immigration ; Nouveaux fragments d'une mémoire infinie.
C'est en 1623, sept ans après la mort de Shakespeare, que fut publié en Angleterre le fameux infolio - plus familièrement appelé « Premier Folio » - sans lequel nous ne disposerions que d'une partie de l'oeuvre de ce prodigieux dramaturge.
Grâce à deux acteurs de sa compagnie, John Heminges et Henry Condell, de nombreuses pièces telles que Macbeth, Le Conte d'hiver ou La Tempête furent ainsi sauvées de l'oubli.
Le quatrième centenaire de cet événement est l'occasion de faire le point sur Shakespeare et les recherches fécondes qui lui sont consacrées en ce début de XXIe siècle. Qu'il s'agisse de son théâtre ou de sa poésie, de la question centrale de la traduction de ses oeuvres, de leur mise en scène ou de leur adaptation à l'écran ou à l'opéra, de thèmes en résonance avec l'actualité comme ceux de l'environnement ou de la représentation des femmes, de la présence de la science dans le corpus théâtral, des rapports à la fois subtils et complexes que Shakespeare pouvait entretenir avec l'épineuse question de la religion, ce numéro d'Europe ouvre de multiples perspectives.
Tout en resituant Shakespeare dans son époque turbulente et passionnée, il explore des aspects captivants de l'édition de ses oeuvres et de leur réception par les lecteurs et le public à travers les siècles. Il montre aussi à quel point son théâtre a été précurseur de l'idée européenne, aussi bien sur le plan physique, par le truchement des compagnies ambulantes d'acteurs anglaisvenant jouer sur le continent, que sur le plan intellectuel.
Comme l'observait Henri Fluchère, toute quête que l'on fait dans l'oeuvre de ce magicien de la scène et de la langue apporte sa récompense, sous la forme d'un surcroît de lucidité : « Qu'estce que l'intelligence critique, après tout, sinon la faculté de découvrir des rapports nouveaux entre l'oeuvre et nousmêmes ? Il est réconfortant de penser que l'oeuvre de Shakespeare, sollicitée de toutes parts, a toujours de nouvelles réponses à nous faire, et qu'elle ne sera pas, de longtemps, épuisée. »
Le retour de l'instabilité des marchés a réveillé le spectre de la crise financière de 2008, et ravivé le questionnement sur l'efficacité de la régulation. Mais si les crises se suivent, elles ne se ressemblent pas. L'actuelle, marquée par une forte inflation, témoigne non pas d'une déconnexion entre la finance et l'économie réelle, mais au contraire de leur profonde intrication. Ce dossier interroge la reconfiguration des rapports entre capitalisme financier et démocratie, à l'heure où pour l'un comme pour l'autre, tout est affaire de confiance.
Ce manuel, qui est à jour de tous les derniers changements consécutifs à la réforme, couvre l'ensemble du droit des obligations (contrat, responsabilité extracontractuelle, quasi-contrats, régime général de l'obligation).
Il est conçu pour tous les étudiants désireux d'acquérir, à différents niveaux de leur parcours (Licence, Master, CRFPA, ENM...), une parfaite connaissance de cette matière fondamentale. Il s'adresse aussi aux praticiens qui apprécient l'actualité de ses développements, ainsi que le choix et la fiabilité de ses références.
Les solutions de droit positif sont exposées de façon claire et synthétique. Les QPC qui intéressent la matière sont intégrées.
L'accent est mis sur les points qui font débat et les aspects de droit comparé et européen. Les dispositions les plus marquantes du projet de réforme de la responsabilité civile sont toutes incluses.
Les vieilles et les vieux, comment la société les perçoit, comment ils et elles se voient.
« Une vieille ne devrait pas faire ça », interview de Geneviève Legay, agressée par la police à Nice, en 2018 (Celle qui n'était pas sage, Syllepse, 2019).
« Réflexions sur l'intergénérationnel », par Gérard Gourguechon, secrétaire de l'Union nationale des retraités Solidaires.
« Vieillesse et inégalités de vie », Bernard Ennuyer du Syndicat de la médecine générale.
« La baisse programmée du pouvoir d'achat des personnes retraitées ».
« Vieillir en société ? ».
« Les politiques municipales vers les personnes âgées » ; l'exemple de Fontenay-Sous-Bois.
« Des retraité·es Solidaires du Loiret racontent le suivi et le contrôle des EHPAD » par des syndicalistes.
« En EHPAD, les conditions de travail des personnels ont des conséquences directes sur les conditions de vie des malades », par Anissa Amini qui travaille dans ce secteur et est responsable nationale SUD- Santé sociaux.
« Les demandes et revendications des personnes âgées et retraitées », par Annie Dromer de l'Union nationale des retraités et des personnes âgées.
« Vieux, vieilles et immigré·es », par Verveine Angeli de la Fédération des associations de soutien aux travailleurs et travailleuses immigré·es.
« La situation des personnes retraitées en Espagne et au Brésil ».
« Les violences sexuelles à l'égard des femmes âgées ».
« Les personnes retraitées face aux problèmes de santé ».
« Une conférence gesticulée sur la ménopause », interview.
« La vieillesse, de puissants tabous ».
« Les Babayagas de Montreuil », l'« anti-maison de retraite ».
« La place des retraités et retraitées dans les organisations syndicales », par Gérard Gourguechon.
« L'histoire du secteur «retraité·es» » de la FSU.
« Les services à la personne », par Anne Anazaria de Femmes égalité.
« Pouvoir choisir et décider, ses dernières années et sa fin de vie », par des retraité·es Solidaires.
Consacré à la pensée du philosophe, logicien et mathématicien Charles Sanders Peirce, ce numéro s'ouvre sur la traduction et la présentation, par Bruno Leclercq, du texte « Les mathématiques les plus simples » (1902). Comme Frege et contre Kant, Peirce affirme le caractère essentiellement déductif des mathématiques, qui ne sont pas la science de la quantité, mais des conclusions nécessaires. Comme Frege et l'école de Boole, il élabore des langages formels pour contrôler l'exactitude des déductions ; mais, voulant comme Kant rendre compte du caractère synthétique des inférences et de bien des énoncés mathématiques, il accorde son attention au rôle sémiotique qu'a le travail de construction et de transformation de diagrammes, entendant prolonger ainsi la théorie kantienne du schématisme.
Si Peirce partage avec maints pragmatistes une méfiance à l'égard de la métaphysique, il en a pourtant revendiqué la possibilité et la nécessité. Dans « Peirce et la possibilité de la connaissance métaphysique », Claudine Tiercelin montre que ce projet métaphysique pragmaticiste qui, sur fond de réalisme, met l'accent sur la logique, la sémiotique, l'enquête et la science, est une source d'inspiration pour qui veut répondre au « défi de l'intégration » et penser les liens entre métaphysique et épistémologie - objectif auquel le métaphysicien doit s'atteler s'il veut poser les conditions de possibilité d'une authentique connaissance métaphysique.
Lorsque, dans son enquête pragmaticiste sur la signification, il entend clarifier ce en quoi consiste la signification, Peirce recourt souvent à une phrase de Jean de Salisbury selon laquelle les noms « nomment des singuliers, mais signifient des universaux ». Quel est l'intérêt de cette référence ? Dans « Peirce et Jean de Salisbury sur le sens », Jean-Marie Chevalier montre que par un usage détourné de la citation, Peirce met en place quelques jalons de sa théorie sémiotique, pragmatiste et réaliste de la signification.
Dans « Peirce face à Hegel : idéalisme, réalisme, nominalisme », Olivier Tinland s'attache à l'attitude de Peirce à l'égard de Hegel, qui semble ambivalente, voire peu cohérente. Si Peirce loue le souci qu'a Hegel de montrer l'importance des trois catégories universelles, en particulier celle de la Tiercéité, il lui reproche de réduire les deux premières catégories à la troisième et de céder à une forme insidieuse de nominalisme. L'auteur évalue la pertinence de ces critiques, notamment celles qui touchent au statut ontologique du possible et des catégories universelles.
Enfin, dans « Lois et limites de l'institution symbolique : Husserl confronté à Peirce et Frege », D. Pradelle se focalise sur l'acte d'institution symbolique qui fixe l'alphabet des signes : ce dernier relève-t-il de la libre instauration d'un sens opératoire ou obéit-il à des lois ? En ce dernier cas, quelle en est la provenance ? L'auteur montre qu'elles proviennent des couches supérieures de la signification et des objets idéaux, ce qui a pour conséquence de soustraire le concept de constitution transcendantale au paradigme d'une libre production.
Ce Recueil DRUIDÉESSE Révèle ta lumière ! est un assemblage de 3 rubriques : Recettes, Remèdes et Rituels, ponctué de rencontres faites par l'auteure, d'hommes et de femmes des bois, de guérisseuses.eurs, de chamanes d'ici et d'ailleurs... Marie Cochard y dévoile ses recettes réalisés à partir de plantes sauvages vernaculaires, ses remèdes maison pour apaiser les maux hivernaux, ses rituels pour s'harmoniser aux phases lunaires et à l'énergie saisonnière. L'ouvrage nous emmène dans une échappée belle aux confins des massifs montagneux de nos terres. Au fil de ses 116 pages, nous sommes invités à plonger dans les saveurs, les senteurs et les couleurs de la saison froide... En préambule de ces pérégrinations, des recettes gour- mandes végétales à expérimenter tels que : le potage de courge-olive à la cannelle, les frites de poires de terre, la confiture de châtaignes et des soins, remèdes guérisseurs, qui réchauffent le coeur et l'âme. Puis, sommes-nous incités à marcher dans les pas de l'ours, pour rencontrer une fratrie de cueilleurs de baies-confituriers, un homme pratiquant l'asinothérapie (soit la thérapie au contact des ânes), avant de découvrir la sylvothérapie par l'auteure qui propose des bains de forêts, pour nous laisser enfin rencontrer par l'Essence du sapin et laisser enfin résonner le son des chants et des tambours du peuple Diné (Navajos). Le voyage trouvera sa fin avec la rencontre d'un ermite, priant depuis les hauteurs pour l'Humanité. Inspiré d'une Terre sacrée et sublimement illustré, cet ouvrage est un baume pour le corps, le coeur et l'Esprit, qui nous emmène au fil des pages, à la découverte de savoirs ancestraux, de légendes et paroles sages, au contact d'une Nature authentique, vraie, qui nous guide à notre propre Nature véritable.
« Paraître l'étranger, tel est mon lot, ma vie ». Ce vers de Gerard Manley Hopkins (1844-1889) semble résumer son destin. Poète non publié de son vivant, inconnu sauf de quelques-uns et soumis, en tant que jésuite, à la discipline et à la censure de son ordre, tout l'empêchait de partager ses dons intellectuels uniques avec les autres, lui qui aspirait pourtant à « faire de la parole, à chaque instant, un acte de relation ». Son oeuvre a obtenu après sa mort l'admiration qu'elle méritait et Hopkins est considéré à juste titre comme l'un des fondateurs de la poésie anglaise moderne. Personne n'avait encore fait de la langue ce qu'il a réussi à faire. « Sa poésie a l'effet de veines d'or pur enchâssées dans des blocs de quartz imprévisibles » avait observé son contemporain Coventry Patmore. La force rythmique et la nouveauté disruptive des vers de Hopkins ont le pouvoir de modifier notre regard et de nous faire ressentir toute chose dans sa fraîcheur flamboyante et son absolue singularité. Ses poèmes sont empreints de tendresse envers la terre, notre fragile humanité et toutes les créatures : la colombe, le faucon crécerelle, l'alouette, les « roses grains de beauté de la truite qui nage »... Il voue la même délicate attention à l'observation et à la description du ciel et des nuages, comme si le poète et le météorologue ne faisaient qu'un. Sensible à la condition des classes laborieuses, radical dans sa critique des obscurantismes sociaux, Hopkins nous surprend aussi par l'écologie du poème qui fait buissonner son écriture, notamment quand il déplore la destruction du paysage dans lequel il vit et qu'il explore avec un amour scrupuleux, plaidant pour « Que vivent encore longtemps herbes folles et lieux sauvages ».
Le cahier consacré à Stig Dagerman coïncide avec le centenaire de sa naissance. Le destin tragique de ce grand écrivain suédois - il s'est réfugié dans la mort à l'âge de 31 ans -, témoigne de son déracinement dans un monde ballotté. Dagerman n'a cessé de manifester dans son oeuvre un souci très aigu du monde, de la société et d'autrui. C'est avec une conscience douloureusement lucide qu'il a voulu jeter un regard de vérité sur toute chose, alors même qu'il se sentait tenaillé par un fort sentiment de l'absurdité de l'existence. « J'ai toujours été sensible à l'écriture de Dagerman, à ce mélange de tendresse juvénile, de naïveté et de sarcasme. À son idéalisme. À la clairvoyance avec laquelle il juge son époque troublée de l'après-guerre. » C'est en ces termes que J.M.G. Le Clézio avait tenu à saluer l'écrivain suédois en 2008 lors de la « Conférence Nobel ». Ce cahier d'Europe apporte de précieux éclairages sur le chemin de vie de Dagerman, en particulier sur son engagement anarcho-syndicaliste, et sur les divers aspects de son oeuvre, qu'il s'agisse de ses romans, de ses nouvelles ou de ses reportages - au premier rang desquels Automne allemand -, ou encore de son théâtre, de ses poèmes et de ses projets pour le cinéma.