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santiago h. amigorena
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«Dans son esprit allaient et venaient des rafales de vent et de pluie qui ne la laissaient ni penser ni ne pas penser. Elle était comme un papillon lucide devant une lampe éblouissante : attirée par le désir de savoir, mais repoussée par la prémonition de la brûlure.» Alice et Aurélien forment un jeune couple qui s'aime mais se déchire. Un soir, alors qu'une dispute éclate, Alice quitte brutalement l'appartement. Aurélien se précipite dans la rue pour la rattraper. Il embarque Loup et Elsa, leurs deux enfants de quatre et six ans, qu'il abandonne un instant dans la rue. La police s'en mêle. Aurélien, voulant se punir davantage que ne le fait la justice, s'enferme dans le silence...
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Le Festival de Cannes ou Le Temps perdu
Santiago H. Amigorena
- P.O.L.
- Fiction
- 6 Mars 2025
- 9782818063231
Dans cet avant-dernier volume d'une entreprise romanesque autobiographique hors normes (Le Dernier livre), l'auteur entreprend de faire le récit de 40 ans de présence au festival de Cannes, depuis 1985. Le Festival de Cannes agit comme le « miroir grossissant » des espoirs et des défaites d'une existence. Comme une formidable anamnèse d'un parcours, des rêves et des désillusions, des amitiés et des amours - notamment avec des actrices célèbres, quand l'auteur pénètre soudain, grâce à leur notoriété, au coeur de ce monde dans lequel il a pourtant le sentiment de vivre une forme d'exil. Chacun de ces voyages, dans cette atmosphère festive, artistique, souvent superficielle et délétère, représente une sorte de petite « madeleine » condensant les mirages d'une vie, et la magie du « temps perdu ». Le célèbre festival devient la chambre noire de la cruauté et de la vanité sociale, mais aussi des illusions perdues.
Cannes et le cinéma, c'est aussi la tentation indéfiniment recommencée qui détourne le narrateur de sa vraie vocation : l'écriture. Ce qu'il déjoue, d'une certaine façon, en racontant les fêtes, les dîners, les projections, les palaces, les stars, les villas somptueuses, les invitations VIP, jusqu'aux ruses et expédients pour s'introduire dans ce monde, et les hôtels miteux de la Côte quand on n'a plus ou pas encore la « carte ». Mais chaque péripétie provoque un aveu, retrouve et dissipe un regret. Toute une existence est à la fois retrouvée et réinventée dans l'épuisement des métamorphoses des codes de sociabilité et des coteries elles-mêmes. Jusqu'aux fantômes du vieillissement dont la révélation douce-amère s'effectue sous les lumières factices d'une ultime fête. Roman de la fin d'un monde, dont les dernières pages font irrésistiblement penser au « Bal des têtes », à la fin du Temps retrouvé de Proust : « Je fis quelques pas au milieu de la foule. C'était flagrant : chacun semblait s'être ''fait une tête'' [...] actrices, acteurs autrefois célèbres, le temps avait tant travesti leurs traits qu'on avait envie de les féliciter de s'être si merveilleusement grimés. »
Au terme d'une ultime métamorphose, un monde s'achève, pour que s'accomplisse sa recréation poétique dans l'écriture du livre. Si Le Festival de Cannes est bien le roman de la « fin d'un monde », il est surtout celui d'une oeuvre puissante qui ne peut commencer qu'une fois accomplie l'initiation de son « auteur » et de son lecteur. -
«Vicente n'avait pas voulu savoir. Il n'avait pas voulu imaginer. Mais, en 1945, peu à peu, malgré lui, comme tout le monde, il a commencé à savoir - et il n'a pas pu s'empêcher d'imaginer.»Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita, ils se sont aimés et ont eu trois enfants. Mais depuis quelque temps, les nouvelles d'Europe s'assombrissent. À mesure que lui parviennent les lettres de sa mère, restée à Varsovie, Vicente comprend qu'elle va mourir. De honte et de culpabilité, il se mure alors dans le silence.Ce roman raconte l'histoire de ce silence - qui est devenu celui de son petit-fils, Santiago H. Amigorena.
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«Les moqueries s'étaient poursuivies à la cantine et pendant les quelques jours qui avaient suivi ce cours sur l'ancienne Égypte. - Regardez qui voilà : le dieu du silence ! Et puis un jour, Daniel, mon futur meilleur meilleur ami, le plus loquace et le plus éloquent de nous tous, prit ma défense en ces terme : - Ça va ! Lâchez-le un peu. Moi, je sais pourquoi il ne parle pas. C'est parce que tout ce qu'il a à dire il le dit à sa façon : en écrivant.» Poursuivant son ambitieuse fresque autobiographique, l'auteur du Ghetto intérieur livre le récit de son enfance en Uruguay, marquée par la violence des dictatures militaires sud-américaines et la découverte salvatrice de l'écriture.
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Dans la solitude d'une nuit au musée Picasso, loin de l'être aimé, l'auteur tente de trouver les mots pour écrire son amour et conjurer ses peurs.
L'art et la mémoire se mêlent pour explorer l'espace de la création et le territoire des sentiments. Une rêverie nocturne qui, peu à peu, trouve sa forme la plus simple : celle d'une lettre d'amour.
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Une adolescente taciturne ; le second exil
Santiago H. Amigorena
- P.O.L.
- Fiction
- 6 Février 2002
- 9782867448683
Après le second exil, lorsque j'embrassais une fille, j'avais souvent l'impression que ma bouche abritait trois langues.
Etait-ce seulement parce que, égaré dans ce pays inhospitalier dont les habitants partout dans le monde sont célèbres pour leur hippophagie et leur mauvaise odeur, le français était pour moi un nouveau langage ? Abasourdi par mille et un changements, je ne savais que faire de cet excès de paroles possibles qui ne franchissaient jamais l'enclos de mes dents. J'allais donc ainsi, enlaçant les mots, rendant purs les sons, et propageant mon silence.
Car l'exil a ceci de remarquable qu'en nous rendant bilingues, il crée la possibilité de se taire dans une nouvelle langue.
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Peut-on aimer deux personnes à la fois ? La question est si simple et la réponse inévitablement si compliquée. Surtout lorsqu'elle n'est pas formulée par celui qui a doublement aimé mais par l'un de ceux qui devaient se contenter de la moitié d'un amour. Les quelques jours de ce voyage en Italie racontent ce qu'a vécu un homme qui n'était plus aimé qu'à moitié.
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comme il n'y avait pas beaucoup d'étrangers, c'était sans doute normal de le regarder comme un animal bizarre.
en plus, de tous les étrangers du lycée, c'était lui qui affichait le plus son étrangeté. il mangeait des trucs bizarres, buvait des trucs bizarres, fumait des trucs bizarres. et pendant tout l'hiver, il est venu en cours couvert d'un poncho.
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Une jeunesse aphone ; les premiers arrangements
Santiago H. Amigorena
- P.O.L.
- Fiction
- 4 Mai 2000
- 9782867447679
Voici enfin éclaircies les obscures raisons pour lesquelles chacun d'entre nous naît à l'amour et à la politique en même temps.
Voici enfin avoué comment, ravis et dégoûtés, nous avons tous accepté enfants que notre langue se mêlât à une autre. Voici enfin reconnue la part maudite qui dans les souvenirs épars trahit la contingence du passé.