Les responsabilités internationales, et françaises tout particulièrement, qui ont rendu possible ce génocide « prévisible », selon les mots du rapport Muse de 2021, ont été objectivées. Les recherches récentes montrent que l'entreprise criminelle aurait pu être stoppée, même au début de la phase paroxystique engagée quelques heures après l'attentat contre l'avion présidentiel le 6 avril 1994. Cet engrenage vers l'extermination planifiée des Tutsi a été dans le même temps - on le sait avec le rapport Duclert -, combattu par des agents de l'État de la République française, par des chercheurs, journalistes, citoyens. Leurs engagements sont ici appréhendés à travers des portraits, des analyses en profondeur et des documents d'époque.
Il importe de réfléchir au sens de l'événement incommensurable qu'est le génocide des Tutsi, de rechercher les traces insondables qu'il dépose dans les sociétés, de penser l'impératif de prévention pour éviter la répétition de l'histoire tragique, de s'interroger enfin sur les raisons de la faillite collective de n'avoir pu empêcher la catastrophe. Malgré les connaissances acquises sur le génocide des Arméniens et sur la Shoah, malgré les alertes nombreuses, la France et la communauté internationale ont laissé le processus génocidaire aller jusqu'à son terme au Rwanda.
Des chercheurs français, rwandais, d'Europe et d'Afrique, se sont réunis pour composer ce volume du Genre humain. Ils se reconnaissent dans le devoir de recherche exigeant une quête déterminée, implacable, de la vérité historique. Des sources nouvelles, des sujets renouvelés, des faits démontrés livrent un important savoir, qui paraît un an avant la trentième commémoration du génocide, fragment d'une histoire commune désormais possible.
Vincent Duclert
Fréquemment décrite comme un rouage dans un système d'autorité ou dans un dispositif de reproduction sociale, la formation est souvent analysée comme un processus de conformation qui renvoie aux efforts entrepris pour produire un sentiment d'appartenance, une identité collective ou une vision du monde. Elle désigne la transmission de façons de faire ou de penser collectives, ainsi que l'acculturation aux techniques et savoirs militants. Dès le début du XXe siècle, Roberto Michels voyait dans la création d'« instituts d'éducation » destinés à former une élite de « fonctionnaires » une des sources de la tendance oligarchique des organisations ouvrières. De manière plus nette encore, l'institutionnalisation du community organizing aux États-Unis doit beaucoup à la constitution de formations dédiées dans les années 1970-1980.
Ce dossier aborde plutôt la formation comme un ensemble de pratiques conflictuelles et contradictoires. Les processus de formation sont façonnés par les luttes pour définir leurs formes et contenus légitimes. Ils sont aussi des cadres de mise en réflexivité du militantisme, et de discussion des pratiques et des engagements. Une double professionnalisation est à l'oeuvre : celle de la formation et celle du militantisme lui-même par celle-ci. Celle-ci permet de saisir les transformations du militantisme dans la redéfinition de ses frontières avec les activités professionnelles.
La langue française aujourd'hui : ciment de la nation mais source de clivages au sein de la société.
Et pour ouvrir le numéro, le témoignage littéraire inédit de Yasmina Khadra, Mon histoire avec la langue française.
« Ubérisation » du travail, mainmise sur nos données personnelles, contournement des législations fiscales, création de monnaies alternatives... Face à l'empire des gafam, quid des souverainetés démocratiques ?
L'intention de ce numéro est de faire dialoguer deux domaines de la sociologie rarement travaillés ensemble, celui de la sexualité et celui de la socialisation. Un premier objectif est d'étudier la façon dont la sexualité « s'apprend » tout au long de l'existence à travers différentes expériences socialisatrices. Alors que les comportements sexuels sont classiquement analysés sous l'angle de la conformation à des normes ou de la construction identitaire, les textes réunis dans ce dossier montrent que ces comportements sont aussi le produit de schèmes d'action et de perception (de techniques du corps, de goûts, de dégoûts, etc.) intériorisés par les individus au cours de leur histoire, et ils donnent à voir les processus à l'oeuvre dans cette intériorisation. Un second objectif est d'explorer la socialisation par la sexualité. Il s'agit ici d'examiner comment la sexualité peut constituer un cadre socialisant à des pratiques et des visions du monde qui la dépassent, autrement dit comment les expériences vécues en matière de sexualité peuvent avoir des effets socialisateurs au-delà de la sexualité. Par-delà la diversité de leurs terrains et de leurs objets, les textes présentés envisagent tous la socialisation comme une question empirique et s'attachent à montrer les agents et les pratiques à l'oeuvre dans ce processus. Tous s'intéressent également à la façon dont la socialisation - à ou par la sexualité - contribue à la reproduction, à la transformation ou à la subversion des rapports de domination, en matière de sexualité (entre hétérosexualité et sexualités minoritaires), de genre ou de classe.
Concept très controversé, le « semi-présidentialisme » pourrait néanmoins répondre à la contradiction qui traverse le citoyen contemporain : besoin démocratique accru versus désir d'un leadership fort.
L'internationalisation est souvent pensée à tort comme un processus allant du national vers l'international. Or non seulement l'internationalisation est étroitement liée à la construction des identités nationales mais, dans beaucoup de cas, les organisations et espaces internationaux ont impulsé la formation de structures nationales en favorisant la circulation de modèles. L'Unesco a ainsi soutenu, après la Seconde Guerre mondiale, la création d'associations internationales dans de nombreux domaines, dont celui du théâtre et celui de la sociologie, exemple qui sont creusés dans ce numéro.
Les changements brusques de régime d'un contrôle étatique autoritaire à une libéralisation du marché sont également propices à une telle internationalisation par importation de modèles et de références étrangères, comme l'illustre le flux des traductions d'ouvrages de sciences humaines en Russie après 1989. Toutefois, les tensions entre formation d'un champ transnational et enjeux nationaux tracent les limites des stratégies collectives d'internationalisation, ainsi que le révèle le cas des intellectuels réformateurs de l'islam.
Prise au niveau des trajectoires individuelles, l'internationalisation est une stratégie qui n'est pas toujours gagnante et qui, surtout, peut être contrainte. Stratégie d'accumulation de capital symbolique pour des artistes provenant de pays (semi-)périphériques, la migration a parfois des effets préjudiciables comme le montre une étude sur les jeunes artistes espagnols.
Enfin sont abordées des formes d'internationalisation sous contraintes du fait de changements brutaux des conditions politiques ou économiques soit par l'exil - ici les chercheurs argentins -, soit par l'exclusion des structures officielles dans le cas des universitaires turcs révoqués et réorganisés en académies de solidarité.
Tandis que l'Europe voit la guerre frapper à la porte, Pouvoirs se penche sur sa plus belle rive : espace de prospérité projetée ou de responsabilité partagée ?
Les sciences sociales sont attaquées ! Le ministre de la recherche en personne menace la sociologie et lance une grande inquisition contre l'« islamo-gauchisme » qui « gangrène » l'Université, un président de région veut couper des crédits à un institut d'études politiques, de grandes mobilisations s'élèvent contre le « wokisme »...
Enfin les sciences sociales retrouvent leur place en dissidence ! Enfin le pouvoir réagit ! Quel triomphe pour la sociologie !
Ce numéro revient sur les attaques dont la sociologie a récemment fait l'objet et montre qu'elles mettent en cause des acquis les plus élémentaires des sciences sociales, tout en revenant sur le paradoxe apparent de ces sciences sociales : toujours politiques parce qu'elles parlent du monde social, elles n'ont de force sociale que parce qu'elles se revendiquent de la science.
Une autre perspective s'ouvre alors qui fait de ces attaques contre les sciences sociales un objet d'analyse : comment expliquer sociologiquement les réticences à la sociologie ?
Ce numéro Varia s'articule autour de deux thématiques : les mobilisations des minorités sexuelles dans des contextes nationaux très contrastés et le renouvellement des conditions d'accès aux élites françaises dans un contexte de libéralisation de l'économie.
Le premier article s'interroge sur l'émergence et le développement d'un « espace de la cause dite LGBT » en Tunisie à partir de 2014-2015. Il questionne plus précisément les processus de socialisation des militant.e.s. des principaux mouvements LGBT en Tunisie dans un contexte post-révolutionnaire marqué par l'élargissement du champ politique et des espaces de socialisations afférents.
Le deuxième article porte sur deux cas de coopération transnationale au nom de la solidarité avec le mouvement gai et lesbien polonais. Il révèle les effets d'inégalités matérielles, culturelles et symboliques entre Europe de l'Ouest et de l'Est. Des rapports de force traversent ainsi les relations de solidarité qui peuvent néanmoins évoluer dans le temps, vers plus de réciprocité ou au contraire se dissoudre.
Dans la seconde partie, le troisième article montre de quelles façons les inégalités sociales se reconstituent une fois passées les portes des grandes écoles en France, entre d'une part les élèves issus des classes populaires et les autres d'autre part, sur une période allant des années 1920 aux années 1970. Les grandes écoles ne constituent donc pas une « voie royale » pour tous, les moins dotés n'accédant qu'à des positions « refuge » au sein de la haute fonction publique.
Le dernier article restitue enfin l'univers social dans lequel évoluent deux hauts fonctionnaires dotés d'un certain sens du jeu et de capitaux bureaucratiques (l'un technique lié à la détention de diplôme, l'autre davantage fondé sur l'expérience) qui, loin de s'opposer, se révèlent complémentaires pour peser sur les décisions politiques qui ont ouvert la voie à la libéralisation de la finance.
Après le président F. D. Roosevelt et le général de Gaulle, Pouvoirs se consacre à une autre grande figure du XXe siècle, mais encore de notre temps : la reine Élisabeth II, qui fêtera cette année ses 70 ans à la tête d'une monarchie en pleine tourmente.
À l'heure où paraissent ces « cahiers », trois mois sont passés depuis que la pandémie mondiale du Covid-19 s'est imposée à nous, trois mois que le monde entier a basculé dans un état de crise dont on ne voit pas l'issue et dont on ne mesure pas les effets sur les sociétés qu'il a frappées.
Aux premières heures du confinement, des sentiments nombreux et contradictoires nous ont toutes et tous traversés : de la sidération à l'angoisse, de la tristesse à la colère... Et puis, très vite, les questions se sont bousculées dans nos têtes : que s'est-il donc passé ? Mais que nous arrive-t-il ? Quelles conséquences cet événement aura-t-il sur le monde et sur nos existences ? Et quelles leçons en tirer ? Il faut dire que, pour beaucoup d'entre nous, la vision d'un monde littéralement arrêté a soudain rendu évidentes, presque sensibles, les contradictions insoutenables dans lesquelles ce monde se trouvait pris depuis trop longtemps. Et si cette catastrophe était l'occasion d'empêcher qu'il retrouve sa trajectoire catastrophique antérieure ?
Comme le disait magnifiquement un graffiti repéré sur un mur de Hong Kong, « we can't return to normal, because the normal that we had was precisely the problem». Autrement dit, serons-nous capables de saisir cet événement, à la fois le comprendre et nous en emparer, afin d'imaginer et construire le monde que nous voulons, le monde dont nous rêvons ?
Ces « cahiers » ne pouvaient être que collectifs, au sens fort, parce que issus d'une volonté partagée par les éditeurs et auteurs de la maison de faire sens face à l'événement. S'y engage une conception du travail intellectuel et du débat public comme espace de confrontation argumentée. Ils accueillent des textes de pensée offrant des perspectives et des analyses fortes, mais aussi des textes et propositions littéraires qui font résonner notre époque dans des formes et des formats singuliers, ainsi que des interventions graphiques. Cette crise bouleverse les cadres de pensée et d'interprétations, elle met à l'épreuve bien des certitudes et des convictions, ce qui imposait d'ouvrir un espace original de dialogue, où trouvent à s'exprimer des sensibilités intellectuelles diverses, où peuvent s'ordonner la confrontation des points de vue, les divergences de fond, les incertitudes et les interrogations.
Le quotidien renvoie à une double temporalité : d'une part à celle du cadre matériel et physique de la journée, du présent ordinaire où disparaît la fulgurance de l'instant ; il est alors perçu comme prosaïque, dénué d'intérêt, de grandeur, de vertige. D'autre part, à celle de la répétition indéfinie des jours, des tâches dites « quotidiennes », des emplois du temps inscrits dans les formes historiques et sociales de la réalité physiologique et matérielle. Autour du mot se forme d'emblée un nuage d'images et de valeurs. Espace du profane d'un côté, et monde des spiritualités, des extases « sacrées » normées, des voyages fous et des aventures extraordinaires de l'autre.
Le quotidien est donc un défi pour la description. Comment rendre compte à la fois de la continuité et de la répétition, du banal et de l'exceptionnel ? Ce numéro propose de saisir les formes historiques et contemporaines du quotidien dans des espaces aussi variés que l'hôpital, la ville, le logement, et sous des registres aussi divers que la contrainte, le désastre ou la liberté.
Qu'est-ce, au jour le jour, qu'être un juge « indépendant » ? Vit - on sous le « gouvernement des juges » ? La justice est-elle « instrumentalisée », « politisée », « laxiste » ? Afin de sortir des idées reçues, Pouvoirs se donne pour mission de questionner à nouveaux frais certaines notions qui ne cessent de perturber le débat public. Contribue notamment à ce numéro : Nicole Belloubet, précédente garde des Sceaux.
La Ve République et les partis Pascal Jan.
Raisons et évolution du rejet des partis Nicolas Sauger.
L'épreuve du pouvoir est-elle vouée à être fatale au parti socialiste ? Retour sur le quinquennat de François Hollande Frédéric Sawicki.
Les partis politiques et l'outil numérique Michaël Bardin.
Modes de scrutin et système de partis Bernard Dolez et Annie Laurent.
La crise du militantisme Julien Fretel.
L'argent et les partis Romain Rambaud.
La démocratie partisane à l'épreuve des primaires Éric Treille.
La fin de la discipline partisane Dorothée Reignier.
L'étude des partis politiques : entre permanence et renouveau Carole Bachelot.
Chroniques.
L'action du ge´ne´ral de Gaulle est de´termine´e par une certitude et porte´e par une conviction. La certitude, c'est que les E´tats nationaux sont, en dernier ressort, les acteurs inde´passables de la vie internationale et qu'ils sont par essence inalte´rables, inse´cables et indissolubles. La conviction, c'est que la France a, dans ce concert des nations, vocation a` jouer les premiers ro^les et a` retrouver par le verbe et par l'exemple la position he´ge´monique qu'elle a accidentellement perdue il y a deux sie`cles. La combinaison de cette rigidite´ et de cette chime`re a fini par enfermer dans une impasse la de´marche he´roi¨que du fondateur de la France libre.
Les catastrophes s'enchaînent, les crises se suivent, les désastres ne se comptent plus. Et un consensus semble s'imposer : il faut changer, bifurquer pendant qu'il est encore temps, emprunter la voie de sortie.
Mais où est-elle, cette issue ? Alors que les derniers mois ont rétréci notre espace physique et diminué notre espace critique, comment retrouver de l'air, du rêve, de la capacité d'action ? Sur quoi faut-il agir ? A quelle échelle et sur quel mode ? Allons-nous laisser passer l'occasion de tout transformer ?
Le Seuil tente, avec cette deuxième livraison des Cahiers éphémères et irréguliers, de nourrir ces interrogations bien légitimes en offrant plus d'une vingtaine de textes, d'entretiens et de dialogues qui à la fois décrivent exactement où nous en sommes et croisent les points de vue (parfois aussi le fer).
Rutger Bregman s'y demande comment profiter de cette crise pour renverser la situation. Pierre Rosanvallon nous invite à inventer de nouveaux outils démocratiques pour faire face à la multiplication des états d'urgence. Aurélie Trouvé débat avec Laurent Jeanpierre et Razmig Keucheyan des stratégies possibles pour sortir du libéralisme. Tandis qu'Arlette Farge ouvre la voie à la littérature en rappelant notre fragilité, Michaël Foessel rappelle que l'infantilisation actuelle n'est qu'une interprétation inepte de ce qu'est la véritable puissance de l'enfance. Emanuele Coccia et Mathieu Potte-Bonneville réfléchissent à la place que nous voulons vraiment donner aux non-humains, interrogation qui a des échos dans les textes des écrivains Benjamin Labatut et Kapka Kassabova.
On ne changera rien sans horizon, ouvrons-le, ouvrons les cahiers !
Le racisme n'est pas une idéologie spontanée, née de l'ignorance. Il est le produit de débats et de travaux scientifiques qui ont fleuri principalement en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne dans le dernier quart du xixe siècle. Quant aux idéologies coloniales, elles ont été les réceptacles d'une théorisation sauvage de la notion de race qui considérait les peuples colonisés et leurs cultures comme relevant de races inférieures.
À la vieille conception chrétienne postulant le monogénisme de l'humanité, créée par Dieu à son image... et donc blanche à l'origine, s'est substituée au xviiie siècle l'idée d'une dégénérescence de certains rameaux de la race blanche qui auraient donné les autres races. C'est ce que pensait encore Buffon. Cette thèse a été ruinée par le darwinisme qui a mis en évidence les liens originels de l'espèce humaine avec les singes supérieurs. Elle a été également contredite au xxe siècle par les découvertes de restes hominiens en Afrique subsaharienne très antérieurs aux plus anciens squelettes humains trouvés en Europe.
Le développement de la génétique humaine et plus particulièrement la découverte de l'ADN ont montré que la transmission héréditaire des caractères physiques obéit à des mécanismes trop complexes et trop aléatoires pour donner plus de visibilité à la reproduction de traits communs qu'aux formes de différenciation et d'individualisation.
Depuis la fin de l'année 2010, les bouleversements politiques et sociaux dans le monde arabe sont au centre de toutes les attentions et notamment de l'attention académique. Les chercheurs en sciences sociales n'entendent pas se laisser dicter leurs objets par l'actualité mais refusent dans le même temps de démissionner devant les faits ou de s'emmurer dans leur tour d'ivoire, feignant d'ignorer la gravité du monde qui les entoure et l'urgence d'une pensée construite et contrôlée.
C'est à cet exercice délicat que se sont livrés les auteurs de ce dossier, sans cesse pris dans une forme d'injonction paradoxale : prendre de la distance avec l'événement historique et saisir son épaisseur sociale dans toute sa matérialité, réfuter les explications causales macrosociologiques et prendre au sérieux les revendications et les répertoires d'action des protestataires, résister au diktat de l'instant et de l'accélération de l'histoire et réinscrire les pratiques et les discours dans leur terreau sociologique et historique.
L'objectif n'est pas de proposer une nouvelle interprétation des événements qui ont bouleversé la région mais bien plutôt de comprendre, au moyen d'enquêtes de terrain de longue haleine, comment ceux-ci ont bousculé les structures sociales et politiques des pays concernés et de quelles façons cette histoire courte est à réintégrer au sein des mutations sociales plus larges qu'ont connues ces sociétés.
Fondés sur un travail empirique inédit, les six articles étudient ainsi les conséquences du déclassement des chômeurs diplômés tunisiens sur leurs dispositions à se mobiliser (Pierre Blavier), la recomposition du capital social des insurgés dans le cas syrien (Gilles Dorronsoro et al.), l'impossibilité du soulèvement dans le cas algérien (Layla Baamara), le rôle de groupes professionnels comme les avocats dans la révolution tunisienne (Eric Gobe), les voies de la reconversion politique des Frères musulmans égyptiens entre 2005 et 2012 (Marie Vannetzel) et les modalités du passage d'une situation révolutionnaire à un résultat révolutionnaire dans le contexte tunisien (Choukri Hmed).