«Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. [...] Que m'est-il arrivé ? pensa-t-il. Ce n'était pas un rêve. [...] Et si je continuais un peu à dormir et oubliais toutes ces bêtises, pensa-t-il, mais cela était tout à fait irréalisable, car il avait coutume de dormir sur le côté droit et il lui était impossible, dans son état actuel, de se mettre dans cette position. Il avait beau se jeter de toutes ses forces sur le côté droit, il rebondissait sans cesse sur le dos.»
«Toute philosophie qui assigne à la paix une place plus élevée qu'à la guerre, toute éthique qui développe une notion négative du bonheur, toute métaphysique et toute physique qui prétendent connaître un état définitif quelconque, toute aspiration, de prédominance esthétique ou religieuse, à un à-côté, à un au-delà, à un en-dehors, à un au-dessus de, autorisent à se demander si la maladie n'était pas ce qui inspirait le philosophe [...] J'en suis encore à attendre la venue d'un philosophe médecin qui un jour aura le courage d'oser avancer la thèse : en toute activité philosophique il ne s'agissait jusqu'alors absolument pas de trouver la vérité, mais de quelque chose de tout à fait autre, disons de santé, de croissance, de puissance, de vie...»Friedrich Nietzsche.
Outre la grande romancière qu'on connaît, Virginia Woolf fut aussi une formidable essayiste. Comptes rendus, essais esthétiques, pièces plus expérimentales ou plus personnelles:ces textes nous dévoilent le dialogue ininterrompu de Woolf avec la littérature - celle de ses contemporains comme celle des classiques. On découvrira aussi une femme engagée - pour la cause des femmes, pour le monde ouvrier, contre la guerre. L'essai est pour Woolf un lieu de confrontation avec la tradition littéraire, la culture mais aussi la société. Elle y affute ses arguments, peaufine son style, travaille sa voix. Inlassablement, Woolf réinvente les possibles de l'écriture.
Je m'avançai hors du cercle de lumière, dans l'obscurité qui se dressait devant moi comme un mur.
En un pas, j'y pénétrai. Telle devait être l'obscurité d'avant la création. Elle s'était refermée derrière moi. Je savais que j'étais invisible pour l'homme de barre. Je ne pouvais rien voir non plus. Il était seul, j'étais seul, chacun des hommes était seul où il se tenait. Et toute forme avait disparu aussi, espars, voiles, ferrures, lisses ; tout était effacé dans la terrible uniformité de cette nuit absolue.
Le père d'hannah est un survivant des camps de concentration.
Il fait partager chaque jour à sa famille sa souffrance et les atrocités qu'il a vécues : les baraquements, la faim, les tortures, les maladies, le travail forcé. peu à peu, cet univers de mort et de douleur s'empare de la vie de la jeune hannah qui tente de dire l'indicible avec ses mots d'enfant, légers comme des bulles.
Hannah parviendra-t-elle à arracher son père à la nuit de ses souvenirs ? la tendresse et l'innocence pourront-elles le sauver de la barbarie et le ramener à la vie ?
Un roman d'une force étonnante.
Né en 1934 de parents juifs allemands, Thomas n'a pas cinq ans quand il connaît successivement ghetto et camps de travail, en Slovaquie puis en Pologne. Ensuite, ce sera Auschwitz, où il va être séparé de sa mère, puis de son père. Alors pourquoi se dit-il «enfant de la chance» ? D'abord parce qu'il a eu cinq ans pour apprendre à survivre dans des conditions inhumaines. Ensuite parce qu'il a échappé à la terrible sélection, à Birkenau, où aucun enfant n'était épargné. Il a traversé l'enfer, tous les jours, jusqu'à onze ans. Devenu juge à la Cour internationale de justice de La Haye, il fait de cette période un récit stupéfiant. Il ne commente pas, ne conclut pas, il redevient le petit garçon pour qui chaque cuillerée de soupe était une question de vie ou de mort.