La Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent, les masques tombent. Le récit qui porte ce titre est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits ; les effets en sont soulignés à l'encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C'est l'histoire, «excessivement répugnante», dit l'auteur, d'un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s'inflige. Et son personnage est celui qui ne peut plus aimer, ni être aimé : le conflit qui se déroule dans une famille bourgeoise prend une ampleur mythique. Seuls quelques éléments comiques ou grotesques permettent de libérer de l'oppression du cauchemar.
«Très cher père,Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre...»Réel et fiction ne font qu'un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris.Réquisitoire jamais remis à son destinataire, tentative obstinée pour comprendre, la Lettre au père est au centre de l'oeuvre de Kafka.
"Lentement, peu à peu, se déroule une histoire dont tout l'intérêt repose sur une imperceptible déviation de l'intellect, sur une hypothèse audacieuse, sur un dosage imprudent de la Nature dans l'amalgame des facultés. Le lecteur, lié par ce vertige, est contraint de suivre l'auteur dans ses entraînantes déductions." Baudelaire
Outre la grande romancière qu'on connaît, Virginia Woolf fut aussi une formidable essayiste. Comptes rendus, essais esthétiques, pièces plus expérimentales ou plus personnelles:ces textes nous dévoilent le dialogue ininterrompu de Woolf avec la littérature - celle de ses contemporains comme celle des classiques. On découvrira aussi une femme engagée - pour la cause des femmes, pour le monde ouvrier, contre la guerre. L'essai est pour Woolf un lieu de confrontation avec la tradition littéraire, la culture mais aussi la société. Elle y affute ses arguments, peaufine son style, travaille sa voix. Inlassablement, Woolf réinvente les possibles de l'écriture.
Victime du nazisme, le héros a supporté l'enfermement et la torture grâce à un manuel d'échecs trouvé par hasard dans sa cellule. Durant des mois, sur un échiquier imaginaire, il a joué des parties contre lui-même, jusqu'à la schizophrénie. S'il rejoue aux échecs, il risque de sombrer définitivement dans la folie. Zweig a achevé cette nouvelle la veille de son suicide, en 1942. Tous les thèmes de son oeuvre y sont concentrés:le passage du monde d'hier à celui d'aujourd'hui, les passions morbides, le désastre qui guette. Cette parabole d'une humanité brillante et décadente n'a pas fini de faire résonner en nous ses métaphores et son mystère.
Né en 1934 de parents juifs allemands, Thomas n'a pas cinq ans quand il connaît successivement ghetto et camps de travail, en Slovaquie puis en Pologne.
Ensuite, ce sera Auschwitz, où il va être séparé de sa mère, puis de son père.
Alors pourquoi se dit-il "enfant de la chance" ? D'abord parce qu'il a eu cinq ans pour apprendre à survivre dans des conditions inhumaines. Ensuite parce qu'il a échappé à la terrible sélection, à Birkenau, où aucun enfant n'était épargné.
Il a traversé l'enfer, tous les jours, jusqu'à onze ans. Devenu juge à la Cour internationale de justice de La Haye, il fait de cette période un récit stupéfiant.
Il ne commente pas, ne conclut pas, il redevient le petit garçon pour qui chaque cuillerée de soupe était une question de vie ou de mort.