Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Karim Basbous
-
Le prestige de l'architecture se mesure à l'aune d'une notion qui, à la différence du beau, de l'utile ou de la construction, est restée dans l'ombre des traités. C'est dans le berceau de l'architecture occidentale, à l'époque où l'art de bâtir était avant tout une offrande, que la dignité se fait jour, avec la colonnade sous fronton, visage du temple hellénique. La force de cette figure du portique laissera une marque si profonde dans les esprits que la production architecturale s'en inspirera au cours des siècles pour entretenir l'image de la dignité, au bénéfice du prince, de l'évêque ou de la collectivité. Percer le secret de cette longévité et de cette universalité conduit à retracer la généalogie des multiples motivations derrière l'acte d'édifier. La dignité, qui a survécu à son premier visage, dont les maîtres modernes ont renouvelé l'expression, est ce au nom de quoi les pouvoirs ont occupé la scène et décoré la ville, mais aussi ce dont le projet architectural s'est nourri pour noyauter les savoirs constructifs, ennoblir la fonction pratique des murs et vaincre la disparité des lignes du plan, de la coupe et de l'élévation par la volonté d'un tout ordonnateur. Elle peut mobiliser un plan souverain, à l'image du naos détaché et autonome, comme l'illustrent la Nouvelle galerie nationale de Berlin de Mies van der Rohe ou la bibliothèque Exeter de Kahn, ou une certaine manière de défier la gravité, que l'on peut observer aussi bien dans les palais des communes italiennes du Duecento que dans la modernité brésilienne - comme la Faculté d'architecture de Sao Paolo d'Artigas -, ou encore l'art de soulever, dont certains projets corbuséens - notamment la Cité radieuse - sont l'éclatante manifestation. Des premières cités occidentales à la ville postmoderne, cette notion éclaire d'un jour neuf les fonctions sociales du beau, mais aussi des notions majeures telles que l'utilité, la gravité, l'échelle, la structure, l'ordre ou le décor. La dignité permet également d'interroger sous un angle inédit les conditions de l'invention, la quête de sens depuis le siècle dernier, la place des modèles dans l'imaginaire des architectes, notre rapport au luxe et à la grandeur et notre attachement aux places dont les bâtiments ont la garde.
-
Revue le visiteur n.27 : fuck the polis
Collectif, Karim Basbous
- Infolio
- Revue Le Visiteur
- 14 Avril 2022
- 9782889680290
-
Avant l'oeuvre, essai sur l'invention architecturale
Karim Basbous
- Imprimeur
- 28 Septembre 2005
- 9782915578652
En s'intéressant aux fondements de l'invention architecturale, et aux représentations qui peuvent en rendre compte, ce livre interroge le pouvoir de la pensée au travail. C'est dans la notion moderne de disegno que se situent, au XVe siècle, les origines d'une liberté de mouvement du dessin. Détachée de la géométrie pratique des maçons, la ligne du croquis se met au service d'une idée qualitative, et se prête à une économie du geste qui retarde la forme de l'oeuvre, relativise le rôle des modèles, réinvente la notion d'eurythmie, et celle de singularité. D'Alberti à Le Corbusier, le disegno va imposer au monde sa raison propre, en résistant à la positivité des discours voulant assujettir le projet à la vérité mathématique, à la transparence constructive, ou à la finalité pratique.