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Actes Sud-Papiers
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Et aussitôt elle bande avec la force des déments Son arc, en sorte que les extrémités se touchent Et elle relève l'arc et vise et tire, Et lui décoche la flèche dans le cou ; il tombe : Un cri sauvage, triomphal, monte du peuple. Mais cependant, il vit encore, le plus pitoyable des hommes, La flèche saillante dans la nuque, Il se relève dans un râle et tombe Et se relève encore et veut s'enfuir ; Mais, hardi ! crie-t-elle : Tigris ! Hardi, Leäne ! Hardi, Sphinx, Mélampus ! Dirké ! Hardi Hyrkaon ! Et elle se rue - se rue avec toute la meute, ô Diane ! Sur lui, et le tire - le tire par le cimier Comme une chienne parmi les chiens, L'un le saisit à la poitrine, l'autre à la nuque Et le jette au sol qui tremble de sa chute ! Lui, qui se traîne dans la pourpre de son sang, Touche sa douce joue et l'appelle : Penthésilée ! Ma fiancée ! Que fais-tu ? Est-ce là la fête des roses que tu m'avais promise ? (Fragment de Penthésilée)
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Le prince de hombourg, ultime oeuvre dramatique de kleist, a la densité d'un rêve prémonitoire, de ceux qui précèdent l'adieu au monde.
" maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi !
Tu brilles à travers le bandeau de mes yeux avec l'éclat de mille soleils !
Des ailes poussent à mes deux épaules, mon esprit s'élance dans le calme des espaces éthérés ;
Et comme un bateau qui, ravi par le souffle du vent, voit s'engloutir le joyeux tumulte du port, ainsi pour moi toute la vie dans un crépuscule s'abîme :
A présent, je distingue encore des couleurs et des formes, et à présent tout n'est plus que brouillard sous moi.
".
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" SOSIE. La vérité. Sur ma vie, maître, je ne vous mens pas. Ce Moi était arrivé avant moi. Et dans ce cas, sur mon âme, j'étais là-bas avant d'y être arrivé. AMPHITRYON. D'où viennent ces propos insensés ? Ce tissu d'absurdités ?... SOSIE. Maître, je suis le plus sérieux du monde, et sur ma parole, vous m'accorderez créance si vous le voulez bien. Je vous jure que le Moi qui est tout simplement parti du camp est tombé sur un Double à Thèbes. Que je me suis rencontré moi-même avec des yeux hagards. Que le Moi que voici, qui est devant vous et que la fatigue et la faim ont complètement épuisé, a trouvé l'autre sortant tout guilleret de la maison, un vrai démon. " (Acte II, scène I) Un siècle et demi après Molière, la version de Kleist de cette histoire immémoriale où les dieux se sont faits les doubles des hommes.
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Parce que les Schroffenstein sont liés par un contrat d'héritage, le soupçon, cette maladie noire de l'âme, s'insinue dans les esprits et engendre la mort. Ce qui devait régir, pour le bien de tous, la vie d'une communauté, se retourne contre elle.
La bienveillance et la bonté ne peuvent-elles exister qu'à l'état de nature ? L'innocence s'acquiert-elle par le meurtre ? Ceux qui s'aiment doivent-ils être sacrifiés pour que la paix revienne, condition de tout bonheur ?
A vingt-quatre ans, Kleist s'interroge sur l'origine radicale du mal, et pour son entrée en littérature, s'élève d'emblée au firmament du théâtre.
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Adam, surpris de nuit dans la chambre d'Eve, casse une cruche dans sa fuite. La mère d'Eve porte plainte auprès du juge qui n'est autre qu'Adam. 7 hommes, 5 femmes / durée estimée : 3 h.