Introduction d'Éric Darragon, directeur du Centre de recherche Histoire culturelle et sociale de l'art à l'Université Paris I et du Centre inter-universitaire de recherche en art contemporain.
Praticien de José Subira Puig, Dietrich Mohr et Marcel van Thienen, Denis Monfleur est sculpteur sur pierre. Un virtuose. Aucune histoire, aucune ironie, aucune dénonciation, ni accusation dans le travail de cet artiste. Ses blocs de pierre sont érigés ou suspendus, tailladés, balafrés, striés, teintés, par endroits poncés. Ses têtes, ses corps suggèrent, invitent et excitent notre imaginaire, mêlant à la fois brutalité et raffinement, densité et légèreté. Liberté.
Cet ouvrage est le premier à présenter exclusivement les sculptures sur granit de l'artiste.
Il était tout empégué de sang, la tête rejetée en arrière, salement amochée. On n'avait pas besoin de mettre un doigt sur la carotide ni de porter la main à la poitrine pour comprendre qu'il n'aurait plus jamais mal aux dents. Tout se calculait au fur à mesure dans la tête, les bras n'ayant qu'à suivre. Tout se faisait sans presque y penser. Mécaniquement, pour ainsi dire.
Un polar ironique, placé sous l'égide d'Antoine Blondin.
Au retour d'un bal, un fils de paysans, accompagné d'un jeune vagabond monté avec lui dans la voiture, a un accident. Le passager est mort. Mû par une peur irraisonnée du scandale, le père décide de faire croire que c'est le fils qui est mort. S'ensuit une inexorable plongée dans le mensonge, premier rouage d'un engrenage fatal qui conduit au drame.
Dans un dispositif qui s'apparente à des aveux, le père et la mère racontent à tour de rôle l'enchaînement des événements. Et le lecteur de tenter de reconstituer, ébahi, le fait-divers qui se dessine au fil des pages. L'ironie mordante de Michel C. Thomas, nourrie de multiples références littéraires, nous fait sans cesse osciller entre effroi et humour noir.
C'est avec le geste du sculpteur que Denis Monfleur s'empare de la matière exacte de l'histoire. La puissance de ses bois gravés fait écho à la violence poétique du texte de Michel C. Thomas.
Catalogue de l'exposition organisée à la Fondation de Coubertin de Saint-Rémy-lès-Chevreuse du 5 mai au 15 juillet 2012.