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FARRAGO
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Le livre de Chloé Delaume est le récit d'une réminiscence.
Il remonte le temps afin de faire voler en éclats un passé oppressant. Sa virulence a la puissance du cri. Véritable leitmotiv du roman, la métaphore du sablier se propage, se ramifie : elle dessine la figure centrale et traumatisante d'un père " sédimentaire " et d'une " enfant du limon ". Ni pathos ni complaisance. Mais la tentative, à l'âge adulte, de répondre au questionnement d'un enfant, tentative rendue possible par une certaine douceur de l'ironie.
Tout passe par le prisme d'une langue singulière, débordante d'inventions. Le style est démesuré, tantôt lapidaire, tantôt abyssal. Les mots se bousculent, deviennent envahissants, contractant la phrase jusqu'à donner une impression de fusion. Dans ce chaos où leur nature et leur fonction se mélangent, s'inversent, ils révèlent comme un miroir le morcellement de l'identité. Le Cri du sablier est avant tout une reconquête de la langue; un plaisir inattendu jaillit de mots le plus souvent douloureux, de leur détournement, de l'épuisement du sens de chacun.
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Chloé Delaume n'est pas un personnage de fiction ordinaire.
Elle est pire. Refusant de finir ses jours dans un livre à l'instar de ses congénères, elle a erré longuement dans les limbes de la Somnambulie. De là, elle a guetté le " médiateur " dans lequel s'incarner : un corps vivant, qui péchait par vacuité. Une fois les lieux investis, nul ne pourra l'en déloger, sauf le corps lui-même, s'il peut trouver assez de force ou de subterfuges pour lutter. Les personnages de fiction sont des tumeurs beaucoup plus malignes qu'on ne le croit, qui savent assiéger chaque organe avec méthode.
Pour que le corps puisse avoir le dernier mot, il lui faudra préserver sa langue propre, en dépit du pillage perpétré. A travers les voix alternées du " ténia narratif " et du corps " piraté ", La Vanité des Somnambules met en scène la conquête d'un territoire identitaire, les assauts successifs d'un cancernénuphar face à un corps coupable d'avoir trop usé du mensonge. Un combat polyphonique aux frontières de l'autofiction.